August 5, 2025

Canicule, apprentissage de la natation, pénurie de maître-nageurs… pourquoi le nombre de noyades explose en France

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Selon Santé publique France, près de 200 personnes sont mortes par noyade en moins de deux mois en France. C’est 45 % de plus qu’en 2024. Explications.

Le drame s’est noué lundi 4 août à Antibes (Alpes-Maritimes) : deux enfants de 8 ans, portés disparus quelques heures plus tôt, ont été retrouvés sans vie dans une piscine. Deux jours auparavant, un adolescent de 13 ans a été emporté au large de Gravelines (Hauts-de-France). Le 28 juillet, à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), une femme de 69 ans en arrêt cardiorespiratoire n’a pu être ranimée par les sauveteurs de la Grande Plage. Au Grau-du-Roi (Gard), c’est un homme de 70 ans qui s’est noyé.

Un danger souvent sous-estimé des baigneurs. Selon le dernier bilan de Santé Public France (SPF), publié vendredi 1er août, 702 noyades, dont 193 décès, ont eu lieu en France entre le 1er juin et le 23 juillet 2025. Parmi les victimes, 27 enfants et adolescent sont morts noyés, contre 15 en 2024. Cela représente un bond de 45 % comparé à la même période en 2024, où 133 morts avaient été enregistrés, détaille l’agence sanitaire. Comment l’expliquer ?

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Un effet canicule propice aux accidents

Dans son rapport, Santé Public France pointe d’abord un facteur météorologique avec la vague de chaleur précoce et intense qui a frappé le pays dès le mois de juin. Ce phénomène a “entraîné un afflux massif vers les sites de baignade”, souvent improvisés, parfois dangereux, notamment en eaux vives. Fleuves, rivières, lacs… des environnements souvent non surveillés, qui ont causé 15 des 27 décès de mineurs répertoriés.

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Mais la météo n’explique pas tout. Pour Aymeric Ung, épidémiologiste interrogé par Le Parisien, le relâchement de la vigilance reste une cause majeure, en particulier pour les plus jeunes. “Chez les tout-petits, l’origine de la noyade est presque toujours liée à une surveillance insuffisante”, rappelle-t-il. Les adultes ne sont pas en reste : “Ils ont tendance à surestimer leur condition physique ou à sous-estimer les dangers, surtout en milieu naturel.”

Autre problème : la faible surveillance des plages avant juillet, période à laquelle les maîtres-nageurs entrent en fonction.

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Les Français nagent moins bien

Au-delà des comportements individuels, la question de l’apprentissage de la natation inquiète les professionnels. “Les Français nagent moins bien, et leur condition physique est souvent défaillante”, alerte Axel Lamotte, spécialiste du sauvetage aquatique. Il évoque également une pénurie chronique de maîtres-nageurs, estimée à plus de 5 000 postes non pourvus à l’échelle nationale.

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Pour remédier à ce problème, les associations appellent l’État à prendre des mesures fortes pour favoriser l’apprentissage de la natation. Dans une tribune publiée samedi 2 août dans les colonnes du Parisien, les champions olympiques Alain Bernard et Florent Manaudou appellent, appellent à développer un “plan piscine”.

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Ils pointent notamment l’effondrement des infrastructures, le manque de moyens alloués aux collectivités pour rénover et construire des piscines et le retard de la France en matière d’apprentissage de la natation. En effet, d’après une enquête de la Dgesco, réalisée sur l’année scolaire 2022-2023 auprès de “410.000 élèves de 6e“, un tiers des élèves (33,7 %) ne savent pas nager en arrivant en classe de sixième.

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