Dans son appartement du quartier de la Reynerie, à Toulouse, un locataire raconte vivre l’enfer. Il témoigne de nuits entières à supporter le bruit de chariots de supermarchés transportés dans les coursives par d’autres occupants.
Locataire depuis un peu plus de trois ans d’un appartement dans le quartier de la Reynerie à Toulouse, Kamel* raconte vivre un enfer. Un quotidien et surtout des nuits marquées par le bruit et les incivilités.
Pour nous expliquer, il nous conduit dans les coursives, au 13e étage du numéro 8 de la rue Jean-Gilles. “Des locataires font rouler des chariots de supermarché sur toute la longueur, à toute heure, même au cœur de la nuit, à 4 heures du matin. Ils se fichent des autres, ils sont sans gêne. Le plafond de ma chambre est juste au-dessous de ces coursives. Il y a le bruit et les vibrations, notamment quand les chariots passent sur les joints de dilatation. Je ne dors plus, je n’arrive plus à me concentrer”.
Fatigué, excédé, le Toulousain a fait de sa bataille contre ce bruit une obsession. Jusqu’à subtiliser les chariots roulants pour les démonter et les rendre inutilisables. Dans son téléphone, il stocke des dizaines de photos de chariots remplis de détritus et objets divers. “Je tente de vider l’océan avec une petite cuillère mais je me sens seul, coincé entre ceux qui sont résignés et ceux qui ont peur de prendre la parole”, témoigne le locataire qui a déjà déposé deux mains courantes au commissariat de Bellefontaine et qui estime que le bailleur, Patrimoine SA, n’a pas pris la mesure de ses plaintes.
En conflit avec le bailleur
Aujourd’hui, il souhaite déménager, quitte à obtenir un appartement de taille inférieure. “Comme je suis trop fatigué, je ne suis pas en capacité de travailler et j’ai donc des difficultés à payer mon loyer. Je vais vendre mes vêtements, ma télé et mon canapé”, explique ce père de famille qui reçoit ses deux enfants le week-end. Selon lui, sa demande de mutation a été refusée par le bailleur sans qu’il en comprenne la raison.
De son côté, la société Patrimoine Languedocienne d’HLM indique que “dès les premières plaintes sur la résidence, elle a mené plusieurs actions afin de résoudre la situation”. Elle évoque ainsi deux conciliations en 2024, une campagne de rappel à la règle pour proscrire l’usage des chariots et limiter les regroupements nocturnes, la mobilisation du GITeS (groupement interquartiers de tranquillité et de sûreté), l’intervention de la régie de quartier pour retirer les chariots. Patrimoine précise qu’elle “a aussi procédé à un signalement auprès du Procureur de la République en raison de propos menaçants et du comportement du locataire jugé harcelant envers son personnel et le voisinage.”