Le cambriolage du Trésor de la cathédrale d’Auch reste sans réponse plus d’un an après les faits. L’État a reconnu sa responsabilité et une indemnisation est en discussion. Le diocèse veut en faire un levier pour restaurer la cathédrale.
En sept minutes à peine, un commando a réussi à s’introduire dans la galerie d’Apollon du Louvre pour dérober plusieurs joyaux historiques, dimanche 19 octobre dans la matinée. Ce vol spectaculaire a suscité une émotion qui a dépassé les frontières françaises.

Dans une moindre mesure, Auch a aussi subi un vol d’envergure il y a un peu plus d’un an, qui, là aussi, avait affecté la communauté gersoise.
Plus d’un an après le vol de deux couronnes mariales du Trésor de la cathédrale d’Auch, l’enquête est toujours en cours et les objets n’ont pas été retrouvés. Tandis que la responsabilité de l’État a été reconnue, le diocèse attend désormais une proposition d’indemnisation de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) Occitanie.
Un vol aux dimensions symboliques et spirituelles
Dans la nuit du 5 juillet 2024, un ou plusieurs individus se sont introduits dans le bâtiment qui abritait le Trésor de la cathédrale d’Auch. Ils sont repartis avec deux couronnes mariales, œuvres d’orfèvrerie d’une valeur sentimentale et spirituelle inestimable, selon les responsables du diocèse.
Les deux pièces, propriétés du diocèse, avaient été confiées à la Drac pour être exposées au musée du Trésor. Parmi plus de 200 objets d’art religieux, – tableaux, sculptures, orfèvrerie-, les voleurs ne sont partis qu’avec ces deux couronnes, un vol rapide et ciblé.
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“En 1928-1929, les fidèles avaient offert leurs bijoux et leur or pour créer ces couronnes. Elles incarnent la foi et la participation de toute une communauté”, rappelait à l’époque l’abbé David Cenzon.
Une enquête confiée à la police judiciaire de Toulouse et au commissariat d’Auch n’a, pour l’heure, pas permis de retrouver les œuvres disparues.
L’État reconnaît sa responsabilité
Depuis l’été 2024, les échanges se poursuivent entre le diocèse et les services de l’État. Philippe Rodier, secrétaire général du diocèse d’Auch, confirme que la responsabilité de l’État a été reconnue, les couronnes ayant été sous la garde de la Drac.
“Ils avaient la charge de ces objets, donc la responsabilité de l’État est engagée. Ce qu’il reste à déterminer, c’est le montant du dédommagement”, explique-t-il.
Deux expertises ont été réalisées : celle du diocèse, menée par un expert en art sacré, et celle de la Drac, confiée à un joaillier.
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Ces évaluations divergent, notamment sur la valeur symbolique et patrimoniale des couronnes.
“L’expertise de l’État s’est limitée à la valeur de l’or et des pierres. Nous, nous rappelons qu’il s’agit d’un patrimoine vivant, porteur d’histoire et de mémoire.”
Le diocèse espère parvenir à un accord avant la fin de l’année 2025. L’objectif n’est pas de conserver les fonds, ni d’aller en justice, explique Philippe Rodier, mais de réinvestir intégralement l’indemnisation dans la cathédrale d’Auch.
“Nous voulons transformer cette épreuve en quelque chose de positif. Le montant reçu servira à restaurer ou recréer des éléments d’art sacré disparus, en partenariat avec la Drac. L’argent restera, d’une certaine manière, dans le patrimoine de l’État.”
La question plus large de la sécurité du patrimoine
Ce vol s’inscrit dans une série d’atteintes au patrimoine religieux et culturel en France. Philippe Rodier déplore un manque de moyens de protection, soulignant un problème national.
“On se rend compte que la sécurité de notre patrimoine n’est pas à la hauteur. Ce n’est pas seulement une affaire locale, c’est un symptôme d’un État qui veut tout gérer, mais qui n’y parvient plus.”
Il souhaite que les récents incidents au Louvre incitent les autorités à renforcer durablement la protection des biens culturels sur l’ensemble du territoire, et pas seulement dans les institutions les plus médiatisées.