Emmanuel Macron lors de sa visite de l’exposition « Trésors sauvés de Gaza », à l’Institut du monde arabe, à Paris, le 14 avril 2025. JEANNE ACCORSINI/SIPA
« Fidèle à son engagement historique pour une paix juste et durable au Proche-Orient, j’ai décidé que la France reconnaîtra l’Etat de Palestine, a annoncé jeudi 24 juillet Emmanuel Macron. L’urgence est aujourd’hui que cesse la guerre à Gaza et que la population civile soit secourue. » Voici les principales réactions internationales à la décision de la France de reconnaître l’Etat de Palestine en septembre à l’ONU.
• Pour Israël, la France « récompense de la terreur »
La décision française « récompense la terreur », a fustigé le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, en référence à l’attaque sans précédent du Hamas dans le sud de l’Etat hébreu le 7 octobre 2023. Cette initiative d’Emmanuel Macron « risque de créer un autre proxy iranien, tout comme Gaza l’est devenu », ce qui serait « une rampe de lancement pour anéantir Israël – et non pour vivre en paix à ses côtés », a déclaré Benyamin Netanyahou.
« Soyons clairs : les Palestiniens ne cherchent pas à obtenir un Etat aux côtés d’Israël, ils cherchent un Etat à la place d’Israël », a-t-il martelé. De son côté, le ministre des Affaires étrangères israélien Gideon Saar a estimé qu’« un Etat palestinien sera un Etat du Hamas ». Le vice-Premier ministre de l’Etat hébreu Yariv Levin, qui est également ministre de la Justice, a quant à lui qualifié cette décision d’« aide directe au terrorisme » et de « tache noire dans l’histoire de la France ».
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• Une « décision imprudente » selon les Etats-Unis
« Cette décision imprudente ne sert que la propagande du Hamas et fait reculer le processus de paix. C’est un camouflet pour les victimes du 7-Octobre », a blâmé le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio sur le réseau social X. Les Etats-Unis s’opposent de longue date, y compris sous la précédente administration de Joe Biden, à toute reconnaissance unilatérale d’un Etat palestinien, préférant une solution négociée.
L’administration Trump entretient l’ambiguïté quant à savoir si elle soutient la solution à deux Etats, israélien et palestinien, un objectif soutenu depuis des années par la diplomatie américaine. Washington, principal soutien à l’allié israélien, affiche ainsi sa divergence profonde avec nombre de capitales européennes, au moment où les négociations en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza ont capoté.
• Une « étape positive » pour le Hamas
« Nous considérons cela comme une étape positive dans la bonne direction pour rendre justice à notre peuple palestinien opprimé et soutenir son droit légitime à l’autodétermination », a écrit le mouvement islamiste dans un communiqué, appelant « tous les pays du monde – surtout les nations européennes et celles qui n’ont pas encore reconnu l’Etat de Palestine – à suivre l’exemple de la France ».
• L’« établissement de notre Etat indépendant » pour l’OLP
« Cette position reflète l’attachement de la France au droit international et son soutien aux droits du peuple palestinien à l’autodétermination et à l’établissement de notre Etat indépendant », a salué le vice-président de l’Organisation de Libération de la Palestine, Hussein al-Cheikh.
• L’Arabie saoudite salue une « décision historique »
« Le royaume salue cette décision historique qui réaffirme le consensus de la communauté internationale sur le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à l’établissement d’un Etat indépendant sur les frontières de 1967 », a écrit le ministère des Affaires étrangères. Ryad a également appelé les autres pays à prendre « des mesures positives similaires ».
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La France coprésidera avec l’Arabie saoudite une conférence internationale au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement visant à relancer la solution dite « à deux Etats », palestinien et israélien. Cette conférence, initialement prévue en juin, avait été reportée à la dernière minute en raison de la guerre entre Israël et l’Iran. Dans l’intervalle, une réunion au niveau ministériel se tiendra les 28 et 29 juillet à New York.
• La Jordanie évoque une « étape importante »
« Le royaume apprécie la décision du président français, la considérant comme une étape importante dans la lutte contre les efforts visant à nier le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création d’un Etat indépendant et souverain sur son sol national », a déclaré le ministère jordanien des Affaires étrangères.
• En Espagne et en Irlande, c’est la « seule solution »
« Ensemble, nous devons protéger ce que [Benyamin] Netanyahou essaie de détruire. La solution à deux Etats est la seule solution », a réagi le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez. Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Harris, a lui qualifié la décision de la France de « seule base durable pour la paix et la sécurité tant pour les Israéliens que pour les Palestiniens ».
Chez les Européens, en mai 2024, l’Irlande, l’Espagne et la Norvège, rejointes un mois plus tard par la Slovénie, avaient déjà franchi le pas de reconnaître l’Etat de Palestine. A ce jour, au moins 142 Etats ont reconnu un Etat palestinien, selon un décompte de l’Agence France-Presse. Le ministère des Affaires étrangères palestinien en compte de son côté 148. Et en comptera un de plus dans quelques semaines : la France.