July 24, 2025

Automobile : Stellantis plonge, Renault décroche, ventes en chute… comment la grande panne menace toute l’industrie européenne

l’essentiel
Après une sortie du covid euphorique, l’industrie automobile européenne voit son moteur caler. Les constructeurs plongent dans le rouge alors que le déferlement de voitures électriques chinoises fait redouter le pire pour l’emploi industriel du Vieux continent.

Stellantis plonge dans le rouge, Renault avertit que ses résultats seront moins bons que prévu, ventes de voiture neuves qui stagnent… la filière automobile replonge sévèrement dans une crise qui risque de durer. Le signal n’augure rien de bon pour la fin de l’année quand on voit qu’en Bourse l’action de Renault a littéralement plongé de 15 % la semaine dernière. Le constructeur au losange a en effet revu à la baisse ses objectifs de marge. Ce sera 6,5 % et non pas “supérieur à 7 %”.

Après des bénéfices record, Stellantis dans le rouge

Côté Stellantis, c’est un avis de tempête qui s’annonce. Le groupe automobile né de la fusion de Peugeot, Citroën, Fiat, Chrysler a publié une perte nette de 2,3 milliards d’euros pour le seul premier semestre. À fin juin, ses ventes ont reculé à 1,4 million d’unités dans le monde, soit une baisse de 6 %. Des résultats qui ont surpris puisque le groupe automobile avait réalisé un profit historiquement haut en 2023 avec 18,6 milliards d’euros suivi de 5,5 milliards en 2024.

Les temps durs de l’industrie allemande de l’automobile semblent bien avoir franchi le Rhin et la filière française est rattrapée par la crise. En Allemagne, le géant Volkswagen a annoncé en décembre dernier un plan massif de restructuration avec la suppression de plus de 35 000 emplois, sans fermeture d’usines ni licenciement toutefois. Dans son sillage ce sera des dizaines d’emplois menacés dans la chaîne d’approvisionnement comme chez ZF (14 000 postes supprimés), Valeo (868), Continental (3 000)… La liste risque malheureusement de s’allonger car la filière face à deux dangers.

“On s’enfonce dans la crise structurelle”

Tout d’abord, la conjoncture économique plombe les ventes en France et en Europe. L’incertitude et la faible croissance ont déjà fait chuter les ventes d’utilitaires aux professionnels et aux entreprises de 12 % depuis le début de l’année. En mai, le marché des voitures neuves s’est replié de 12 % en France, en baisse pour le cinquième mois consécutif. Une situation qui fait tirer la sonnette d’alarme à Luc Chatel. L’ancien ministre est le président de la Plateforme automobile (PFA) qui rassemble la filière tricolore. “On s’enfonce un peu dans une crise structurelle” a-t-il prévenu.

En Europe, sur les six premiers mois de 2025, les ventes de voitures sont restées encore stables (+ 0,1 %) mais c’est au prix d’une profonde mutation du marché. Les voitures essence chutent de 21,1 %, avec 1,5 million d’immatriculations alors que les diesels tombent à 463 475 unités, en baisse de 26,2 %. Concrètement, seuls les constructeurs proposant une gamme de véhicules hybrides ou électriques parviennent à écouler des volumes intéressants. C’est ce qu’a fait Renault l’an dernier (lire interview).

Une voiture électrique sur 4 est chinoise

Car l’Union européenne a fixé à 2035 la fin du moteur thermique et hybride sur le Vieux continent. Une volte-face qui oblige les constructeurs à se ruer vers l’électrification de leur gamme alors que les Chinois dominent cette technologie et la subventionne massivement. Résultat : aujourd’hui un véhicule électrique sur quatre vendu en Europe est chinois. Afin de protéger l’émergence de sa filière “voiture électrique” Bruxelles a engagé un bras de fer commercial avec Pékin. Depuis fin 2024, les voitures chinoises subissent entre 17,4 % et 37,6 % de droits de douane, qui s’ajoutent aux 10 % déjà en vigueur.

À la vue de la multiplication de plans sociaux en Europe dans le secteur automobile, le mal semble pourtant déjà fait. Un espoir toutefois pour les salariés de ce secteur : les usines auto pourraient également travailler pour le secteur de l’armement afin de compenser la baisse des volumes. Ainsi la Fonderie de Bretagne qui produisait des pièces pour Renault qui a coupé toutes ces commandes a été reprise par Europlasma qui projette désormais de produire 24 000 pièces d’obus par jour.

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