La mobilisation agricole gagne en intensité dans le Gers. La RN124 est bloquée par la Coordination rurale avec un bulldozer et des barrages filtrants. La gare d’Auch est neutralisée et le mouvement s’étend, Lectoure, Mirande et Vic-Fezensac subissent des perturbations.
Le mouvement lancé il y a quelques jours par les agriculteurs dans le Gers gagne en intensité. Ce mardi matin, les agriculteurs de la Coordination rurale (CR32) se sont rassemblés sur le rond-point de la Hurée, sur la RN124, et l’ont complètement bloqué. Un barrage filtrant a été mis en place. Et au centre du rond-point, un bulldozer a été déchargé à 10 heures du matin.
Interrogé sur place, Jérôme Courrèges, coprésident de la Coordination rurale dans le Gers, réagit vivement aux annonces de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, la veille à Toulouse, dénonçant un recours à la force contre des agriculteurs en difficulté et un profond sentiment d’incompréhension.
“On réagit très très mal, d’où le bulldozer. Le problème, c’est qu’aujourd’hui ils emploient la force sur des gens qui travaillent. C’est le monde à l’envers”, juge l’agriculteur.
Selon lui, les mesures annoncées empêchent les éleveurs de travailler dignement et de maintenir leurs troupeaux, dans un contexte de grave détresse financière aggravée par l’absence de réponses “comme sur les années blanches demandées depuis deux ans”, appuie-t-il.
Face à ce qu’il qualifie de “dialogue de sourds”, le syndicat agricole entend durcir la mobilisation : barrages filtrants et actions étendues à l’ensemble du département.
“Là, maintenant, il y en a marre. Ça ne peut plus durer. Mais ce que je retiens, et c’est la seule chose bien qu’ait faite la ministre, c’est de nous rassembler.”
En effet, dans le Gers, les Jeunes agriculteurs sont aussi du mouvement. Ce mardi matin, ils ont bloqué la circulation à Mirande et Vic-Fezensac.
La gare d’Auch a, elle aussi, été neutralisée. Bottes de paille et pneus ont été déposés dans la nuit sur la voie ferrée, au niveau de l’avenue de la Marne.
Compréhension et agacement
Ces actions paralysent la circulation, mais restent, pour l’instant, relativement bien comprises par les automobilistes et les usagers du train.
“C’est dur, tout le monde est en colère. Mais hier, je suis restée coincée quelques minutes dans ma voiture, j’ai cru faire un malaise”, partage une septuagénaire au rond-point de la Hurée.
Ce mardi matin, la circulation se fait au ralenti, la RN124 est fermée, la D924 vers Barran pour rejoindre Auch également. Plusieurs automobilistes quittent leur véhicule pour interroger les agriculteurs. “Vous prenez la 1re à droite, vous suivez Castin puis Biran et vous arriverez à Auch”, se voient-ils répondre.
“On les plaint, on est désolé pour eux. Mais nous aussi, on a eu des problèmes récemment, ce n’est pas pour autant qu’on a embêté les usagers”.
“J’arrive de Toulouse et je dois aller à Vic-Fezensac, où m’attend le plombier. Ça m’embête, il vaudrait mieux aller embêter ceux qui prennent les décisions à Paris, ou même ici, à la préfecture. Généralement, dans toutes les manifestations, ce ne sont pas les bonnes personnes que l’on pénalise”, juge Dominique. “On va essayer d’arriver à l’heure quand même”, dit-elle en regagnant son véhicule.
Sarah, fille d’agriculteur, est solidaire. “Je comprends leur détresse et j’attends”. Patrick laisse transparaître son agacement. “Ils pourraient au moins filtrer, là on est complètement à l’arrêt.”
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À la gare SNCF, Enzo, étudiant en BTS, prend aussi son mal en patience. “Mon train pour L’Isle-Jourdain est annulé, j’ai un bus jusqu’à Mauvezin. Et puis ma grand-mère viendra me récupérer. J’aurais pu être chez moi bien plus tôt, mais bon… J’ai un peu suivi l’actualité, mais là, bloquer les trains, c’est un peu stupide, pour une fois qu’ils fonctionnaient…”
Conscient de l’agacement de certains automobilistes, Jérôme Courrèges dit assumer les perturbations, rappelant que les agriculteurs subissent depuis longtemps des contraintes sans être entendus.
“Les gens, tant qu’on ne les touche pas dans leur quotidien, ils ne se sentent pas concernés ni agressés. Nous, ça fait des années qu’on nous met des barrages et qu’on nous agresse.”
Mardi en fin d’après-midi, la préfecture du Gers annonçait que la vaccination obligatoire de tous les bovins du département du Gers avait débuté plus tôt dans la journée.
Cette vaccination concerne les 66 607 bovins répartis dans les 462 élevages gersois. Plus de 36 600 doses ont été reçues dans les 17 cabinets vétérinaires concernés par cette campagne de vaccination, le reste des vaccins devrait être livré rapidement.