Un collectif toulousain de 300 scientifiques a lancé, le 1er décembre, un manifeste appelant à “l’objection de conscience face à l’IA générative dans l’éducation et la recherche”. Le texte de ce collectif baptisé “Atelier d’écologie politique” soutient que “le déploiement massif de l’intelligence artificielle générative dans leurs institutions est incompatible avec les valeurs humanistes fondamentales qu’elles sont censées porter”.
L’arrivée de l’intelligence artificielle générative (IAg) dans l’enseignement supérieur pose de sérieuses questions existentielles à la communauté universitaire. En témoigne le manifeste lancé, le 1er décembre, par le collectif toulousain “Atelier d’écologie politique”, qui regroupe 300 scientifiques, inquiets de devoir adopter l’IA dans leurs enseignements sans vraiment débattre des conséquences de cet outil qui révolutionne le rapport avec le savoir et la connaissance.
“Face à l’IA générative, l’objection de conscience”
Ce manifeste, intitulé “Face à l’IA générative, l’objection de conscience”, à destination des personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche, soulève une question politique. Il soutient que “le déploiement massif de l’intelligence artificielle générative dans leurs institutions est incompatible avec les valeurs humanistes fondamentales qu’elles sont censées porter”.
Trois raisons développées par les scientifiques
Trois raisons sont mises en avant par les scientifiques : “l’IAg, estiment-ils, possède une empreinte écologique démesurée, a des implications sociales délétères, et renforce des techno-oligarchies destructrices des démocraties. Cela justifie pour les auteurs et autrices une posture d’objection de conscience qui consiste à résister au déploiement de ces technologies d’IAg dans l’éducation et la recherche”. Olivier Lefebvre, ingénieur et enseignant rattaché à l’université Toulouse Jean Jaurès (sciences humaines et sociales), signataire du manifeste, assure que le document a déjà recueilli 1 500 signatures et de nombreux commentaires”.
“Cela résonne avec ce que l’on ressentait…”
“Cela résonne avec ce que l’on ressentait et qui nous a amenés à écrire le texte, explique l’universitaire. À savoir un sentiment d’impuissance face à une mécanique dans les institutions qui poussent à adopter ces techniques avec une position de type fataliste, dans laquelle je ne me sens pas à l’aise”.
“Ne pas laisser l’IA se diffuser comme si de rien n’était”
Pour les auteurs et autrices du manifeste, “l’objection de conscience face à l’IAg dans l’Enseignement supérieur et dans l’Éducation nationale a pour but de rendre visible le fait que de nombreux personnels contestent la diffusion massive et sans débat d’une technologie aussi problématique. Il vise à montrer que les résistances ne sont pas mineures ou isolées et à libérer la parole face à ce que de nombreuses personnes ressentent comme un rouleau compresseur”. Ils ajoutent : “L’enjeu est de ne pas laisser l’IAg se diffuser dans nos milieux professionnels comme si de rien n’était et d’ouvrir de nécessaires espaces de débats et de réflexion collective”.
Les menaces de l’IA générative ? “On parle d’une technologie qui, aujourd’hui, produit un appel énergétique de matières qui accélère l’empreinte environnementale du numérique, ces sujets-là ne sont pas pris en compte, comme les aspects sociaux, politiques. Ces IA sont entre les mains de personnes qui ont des projets politiques, des visions qui ne correspondent pas vraiment aux valeurs de la République française. C’est comme pour les drogues, il faut former à la prévention des effets de l’IA générative dans l’enseignement”.

