Depuis 30 ans, le 100.7 est la radio qui met en lumière les initiatives des Tarn-et-Garonnais. Mais le projet de baisse de 44 % du fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER) pourrait mettre un coup d’arrêt à cette belle aventure humaine.
C’est un coup de massue dont ils pourraient ne jamais se relever. Ce n’est un secret pour personne : les éphémères gouvernements de ces derniers mois sont en quête de la moindre économie. Dans le cadre du projet de loi des finances 2026, le ministère de la Culture pourrait délester l’enveloppe allouée au fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER), dont l’ADN est de soutenir les radios associatives, de 16 millions d’euros. Soit 44 % du budget total. L’onde de choc s’est propagée jusqu’à Montauban où Radio Association craint clairement pour sa survie.
« C’est vraiment énorme car si ça passe, ce sont des dizaines et des dizaines de radios associatives qui vont disparaître. Pour beaucoup d’entre elles, dont la nôtre, la subvention FSER représente une grande partie du budget », signale Jonathan Imbert, technicien et animateur de Radio Association, quelque peu assommé par la nouvelle. « Ils en avaient parlé l’an dernier mais ils ont finalement rétropédalé. Et cette année, rebelote… C’est pourtant le même gouvernement qui nous sollicite dans le cadre de la lutte contre les fake news et de l’éducation aux médias. On a du mal à comprendre pourquoi on nous empêche d’exister. Qu’est-ce qu’on va devenir ? », interroge Jonathan Imbert. Car Radio Asso, ce n’est pas seulement une programmation dénuée de toute publicité.
Avec son complice depuis dix ans, l’animateur Hugo Crouzet, Jonathan Imbert met en lumière les initiatives locales, intervient auprès de scolaires, accueille de nombreux stagiaires et même, des détenus dans le cadre de travaux d’intérêt général (TIG) grâce à une convention avec le ministère de la Justice. Enfin, ça, c’était avant. « On vient juste de perdre 90 % du budget alloué pour les TIG et on n’a déjà pas pu les compenser. On résiste aux sirènes de la pub, c’est ce qui nous différencie et beaucoup d’auditeurs viennent chez nous pour ça. On a l’impression d’être ce qui reste de pluralité et d’indépendance. » Déjà plus de trente ans que ça dure. Mais toujours avec la question lancinante du budget.
Interpeller les élus
« À Radio Asso, on a la chance d’avoir un président, Serge Cariven, très prévoyant : la trésorerie est saine depuis 1993. Même lui dit que cette annonce est catastrophique, ça fait vraiment mal au cœur. D’autant plus que le FSER est attentif à nos efforts pour diversifier nos sources de financement », souffle Jonathan Imbert qui, au-delà du soutien des collectivités, peut aussi compter sur les contrats de sonorisation avec Le Rio Grande et la Maison des jeunes et de la culture (MJC) ou les plateaux dédiés aux associations. « On est tous pareils : les budgets baissent de tous les côtés », relève le technicien.
L’aide de l’État est donc vitale puisqu’elle représente en moyenne 40 % de la trésorerie de chaque radio associative. « Mais avec le DAB + et la radio numérique terrestre (RNT), il faut s’attendre à ce qu’il y ait plus de prétendants au FSER. » En clair, la taille du gâteau baisse mais le nombre de convives, lui, augmente.
Si le 100.7 se tait à jamais, ce sont deux salariés et une vingtaine de bénévoles qui resteront sur le carreau en Tarn-et-Garonne. Selon la confédération nationale des radios associatives et le syndicat national des radios libres, la moitié des 770 radios associatives pourrait disparaître dès 2026, soit environ 2 400 emplois directs et indirects. Dans l’attente du bilan de l’entrevue organisée, ce mardi, au ministère de la Culture, Radio Association invite ses auditeurs à adresser un courrier aux députés et au sénateur de Tarn-et-Garonne pour qu’ils se saisissent du sujet dans le cadre de leurs fonctions parlementaires.