December 10, 2025

La dermatose nodulaire contagieuse en France, symptôme du réchauffement climatique ?

l’essentiel
En juin 2025, la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est apparue pour la première fois en France. Affectant les troupeaux bovins, cette maladie était présente à l’origine seulement en Afrique puis dans des zones plus chaudes avant d’arriver en France.
 

Le 29 juin 2025, le premier cas en France de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est déclaré. Cette maladie, non transmissible à l’homme, inquiète les éleveurs bovins : elle est non seulement un danger direct pour la santé de leur troupeau, mais elle menace en plus l’ensemble de leur activité. Si un seul de leur bovin est atteint, l’éleveur est contraint à euthanasier la totalité du troupeau pour respecter la stratégie menée par l’État, qui vise à éradiquer la DNC du sol français.
Jusque dans les années 80, cette maladie était pourtant confinée à l’Afrique subsaharienne. Le virus s’est ensuite répandu au Moyen Orient puis est entré pour la première fois dans l’Union Européenne en 2015. La France a finalement été touchée par la DNC en juin 2025. Un lien existe-t-il entre sa progression et le réchauffement climatique ?

Maladie environnementale ?

« Je suis un peu dubitatif quand c’est présenté comme ça, parce que c’est trop global et caricatural », prévient Stéphane Bertagnoli, enseignant-chercheur en virologie maladies infectieuses à l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse. Le lien exact que l’on peut établir entre la DNC et le réchauffement climatique concerne son mode de transmission : le virus se transmet par des piqûres d’insectes, comme les taons ou les stomoxes, qui peuvent parcourir quelques kilomètres.

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« Pour toute maladie vectorielle, transmise par les mouches piqueuses, les tiques, les moustiques, etc., comme c’est le cas pour la DNC, il y a évidemment un impact du climat. Puisque l’activité de l’arthropode [l’insecte, NDLR] lui-même est dépendante de la température » précise le chercheur. D’après les études menées par Gérard Duvallet, professeur émérite de l’Université Paul-Valéry à Montpellier, la température idéale pour la survie des stomoxes est de 20 °C. Même si ces insectes sont en France depuis des millions d’années, la hausse des températures, depuis le début du XXè siècle, entraîne une plus longue période dans l’année durant laquelle ils peuvent vivre et donc transmettre la DNC. « La tendance du réchauffement climatique va avoir un impact à long terme : les pics de transmissions vont s’étaler sur une durée plus longue » conclut Stéphane Bertagnoli.

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Apparition de nouvelles maladies

L’épisode de la crise de la DNC en France fait suite à celui de la maladie hémorragique épizootique (MHE) et la fièvre catarrhale ovine (FCO). Elles sont aussi des maladies nouvelles en France et se transmettent par des insectes. « L’État n’a pas d’anticipation sur toutes ces maladies alors qu’elles sont certainement des conséquences du réchauffement climatique. Il faudrait avoir un peu plus de veille […] pour apporter plus de résilience à nos exploitations », regrette Clémence Biard, éleveuse de bovins et vice-présidente de la Chambre d’agriculture d’Ariège.
Stéphanie Philizot, présidente de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) rappelle cependant la dangerosité de la DNC pour expliquer le choix de l’éradication : « L’émergence de maladies auxquelles nous n’étions pas confrontés auparavant et leur capacité à perdurer sur le territoire modifie forcément les modalités de lutte. Mais ce raisonnement est insuffisant : ce n’est pas parce qu’une maladie peut se transmettre plus facilement sur le territoire qu’on doit l’accepter, et vivre avec », argumente la vétérinaire. L’Union européenne considère que la DNC est une maladie très dangereuse « pour laquelle on est condamné à tout faire pour qu’elle ne rentre pas sur les territoires » réaffirme la présidente de la SNGTV.

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