Cette acquisition est la plus grosse opération de consolidation dans le domaine du divertissement depuis le rachat de Fox par Disney, pour 71 milliards de dollars en 2019. FRANCOIS GREUEZ/SIPA
Un mastodonte du divertissement va naître. Netflix, le géant du streaming, va racheter le studio de cinéma et de télévision Warner Bros Discovery pour 82,7 milliards de dollars au total, ont annoncé les deux entreprises américaines dans un communiqué commun ce vendredi 5 décembre.
Paramount Skydance et l’opérateur Comcast étaient également en lice pour le rachat de Warner Bros Discovery (WBD), mais l’offre de Netflix était la plus élevée. Cette acquisition est la plus grosse opération de consolidation dans le domaine du divertissement depuis le rachat de Fox par Disney, pour 71 milliards de dollars en 2019. Netflix va verser 27,75 dollars par action à WBD, valorisant l’entreprise à 72 milliards de dollars, hors dette.
• Un catalogue de films et séries hors norme
Cet achat va permettre à Netflix d’acquérir un immense catalogue de films, mais aussi le prestigieux service de streaming HBO Max. « Notre mission a toujours été de divertir », a commenté Ted Sarandos, directeur général de Netflix, cité dans le communiqué. « En combinant l’incroyable bibliothèque de séries et de films de Warner Bros – des classiques intemporels comme “Casablanca” et “Citizen Kane” aux favoris modernes comme “Harry Potter” et “Friends” – avec nos titres qui définissent la culture tels que “Stranger Things”, “KPop Demon Hunters” et “Squid Game”, nous serons en mesure de le faire encore mieux », ajoute-t-il.
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Warner Bros Discovery détient aussi les droits de production de plusieurs classiques de la MGM, comme « le Magicien d’Oz » et « Autant en emporte le vent ». Elle possède aussi le célèbre dessin animé Bugs Bunny, ou encore des séries mythiques comme « Friends » et « Game of Thrones ». Autant de contenus qui tomberaient dans l’escarcelle de Netflix.
• Un poids considérable face aux salles de cinéma
La création de ce géant du divertissement lui offrirait un pouvoir de négociation accru face aux exploitants de salles de cinéma et aux syndicats du secteur du divertissement, souligne le « New York Times ». Pour déminer le problème, Netflix a inclus dans son offre d’achat l’engagement de maintenir la sortie en salles des films de Warner Bros Discovery.
Cela n’empêche pas les craintes du secteur. Le 4 décembre, un groupe de producteurs de longs métrages anonymes a adressé une lettre au Congrès, exprimant ses « vives inquiétudes » quant au rachat de Warner Bros Discovery par Netflix. « Netflix considère chaque minute passée au cinéma comme du temps perdu sur sa plateforme », indique le courrier, selon le quotidien new-yorkais. « Ils n’ont aucun intérêt à soutenir l’exploitation en salles, et tout intérêt à la faire disparaître. »
• Une position dominante sur le marché américain des contenus
La bataille du streaming et la décroissance de la télévision traditionnelle entraînent des réorganisations stratégiques majeures chez les grands acteurs américains. Pour rivaliser avec Netflix et Disney, les concurrents cherchent à s’unir pour se renforcer dans le streaming et améliorer leur rentabilité.
Selon le « New York Post », des responsables de la Maison-Blanche se seraient récemment inquiétés de la possible acquisition de WBD par Netflix, risquant selon eux de donner à la plateforme vidéo une position dominante sur le marché américain des contenus.
Dans les échanges électroniques avant l’ouverture de la Bourse de New York, le titre de Netflix reculait de 2,6 % aux alentours de 11h30 ce vendredi, celui de Warner Bros gagnant à l’inverse 1,2 %.

