December 7, 2025

"Notre intime conviction, c’est de miser sur la France" : pourquoi les producteurs d’armagnac privilégient le marché intérieur

l’essentiel
Face aux incertitudes du marché international, les producteurs d’armagnac misent davantage sur le marché français cette année, un peu plus encore à l’approche des fêtes.

“Notre devise a toujours été d’être fort à domicile avant de s’exporter.” Copropriétaire du château de Laubade, producteur d’armagnac à Sorbets dans le Gers, Denis Lesgourgues rappelle les fondamentaux qui ont fait la renommée de sa maison. “Le marché domestique a toujours été prioritaire pour nous. Ça a toujours été un marché majoritaire. On vend plus en France qu’à l’export, le marché intérieur représente à peu près 55 % de nos ventes”, précise-t-il.

Cet ancrage sur le plan national, le château de Laubade le cultive depuis quatre décennies et trois générations au moyen d’un réseau de distribution savamment construit. “On travaille avec les cavistes et le CHR (NDLR : cafés, hôtels, restaurants)”, poursuit Denis Lesgourgues.

“Sur le marché international, c’est la grande gifle”

Pour le château de Laubade comme pour bon nombre de producteurs, cette présence historique sur le marché français rassure dans un contexte international particulièrement difficile pour la filière, secouée de plein fouet sur tous les fronts ces dernières années.

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Entre la guerre en Ukraine, les surtaxes chinoises et les droits de douane américains, les mauvaises nouvelles se sont accumulées ces dernières années, réduisant drastiquement les volumes d’exportation. “Sur le marché international, c’est la grande gifle”, acquiesce Olivier Goujon, directeur du Bureau national interprofessionnel de l’armagnac. “On ne récupère pas notre marché aux États-Unis, on ne récupère pas notre marché en Chine.”

Les chiffres présentés par le BNIA sont pour le moins éloquents. En 2023, le chiffre d’affaires de l’armagnac en Chine atteignait plus de 2 M€. Il est retombé à 120 000 € sur le premier semestre de l’année 2025. C’est à peine mieux Outre-Atlantique, où le chiffre d’affaires était estimé à 950 000 € sur le premier semestre 2025, contre 3 M€ sur l’année 2023.

“Les opérateurs sont sur les chapeaux de roues”

Dans ces conditions, l’interprofession choisit logiquement de se recentrer sur le marché domestique, plus fiable et moins sujet aux turbulences géopolitiques. “Notre intime conviction, c’est de miser sur la France, puisqu’on fait le dos rond à l’international”, confirme Olivier Goujon. Cette année, le marché français représente ainsi 54 % des ventes d’armagnac, une première depuis 2018, la répartition entre marché intérieur et marché international ayant été jusque-là à l’équilibre ces dernières années.

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Pour tirer profit au maximum du marché intérieur, les producteurs d’armagnac continuent notamment de développer leur offre sur le “spiritourisme”, en faisant découvrir aux clients les sites d’élaboration des spiritueux. C’était le cas dans de nombreux domaines au mois de novembre à l’occasion de la Flamme de l’Armagnac. “C’est ce qui va nous faire passer la période”, glisse Olivier Goujon, tout en évoquant la recherche de “nouveaux marchés émergents”.

La période des fêtes est également décisive pour la filière, qui s’active depuis le début de l’automne pour répondre à la demande. “Les opérateurs sont sur les chapeaux de roues pour les livraisons. La fin d’année est un marché important pour nous”, conclut Olivier Goujon. ;

 

Crise viticole : les députés communiquent

Ce mardi 2 décembre, le député de la 1re circonscription du Gers, Jean-René Cazeneuve, s’est félicité du déblocage de 10 millions d’euros supplémentaires pour soutenir les exploitations agricoles et viticoles touchées par les aléas climatiques, dans le cadre de l’adoption définitive par l’Assemblée nationale du projet de loi de finances de fin de gestion (PLFG). “Je continuerai à porter la voix de nos agriculteurs et de nos viticulteurs”, a-t-il souligné. Le même jour, le député de la 2e circonscription David Taupiac a interpellé la ministre de l’Agriculture, estimant que le plan d’aide à l’arrachage définitif demeure “insuffisant sans adaptation rapide des prêts structurels garantis destinés à consolider les dettes des exploitants”.

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