October 20, 2025

Carte scolaire pluriannuelle : dans le Lot, les parents redoutent un plan "ficelé" sans concertation

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Alors que se prépare une carte scolaire lotoise pluriannuelle pour anticiper la baisse démographique, la FCPE redoute une rationalisation masquée. La Dasen Sophie Sarraute défend, elle, une démarche de transparence et de dialogue.

“Le problème, c’est qu’à chaque fois, on nous présente un projet ficelé, sans réelle concertation.” Le ton est amer chez Éric Labastie, administrateur de la FCPE du Lot. À l’annonce d’une future carte scolaire pluriannuelle dans le premier degré, le représentant des parents d’élèves redoute une nouvelle vague de fermetures déguisées derrière un discours de “rationalisation”.

“Je ne préjuge pas du contenu du projet. Mais encore une fois, on se retrouvera face à un programme sans avoir été associés à son élaboration. C’est dommage, car cela éviterait bien des crises”, tranche Éric Labastie. “Nous ne contestons pas la baisse démographique, mais nous refusons que ce soit le seul prisme de réflexion. Une école, ce n’est pas qu’une ligne sur un tableur”

Une démographie en chute libre

En attendant, les chiffres ne laissent place à aucune ambiguïté. Selon les projections académiques, en 2028, les effectifs du premier degré passeront de 10 967 (en 2022) à 9 934 élèves. Les maternelles, en particulier, vont s’effondrer : 3 856 élèves en 2022, à peine 3 308 prévus en 2028. Dans le second degré, les effets devraient commencer à se faire sentir à partir de 2027 au collège. La perte pourrait alors se chiffrer à 150 à 200 élèves par an, soit l’équivalent d’un petit établissement chaque année. Les lycées seront, eux, touchés à partir de 2029.

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Pour Sophie Sarraute, directrice académique des services de l’Éducation nationale (Dasen) du Lot, il faut regarder ces données “avec lucidité”. “Nous voulons sortir de la logique d’urgence annuelle. La carte scolaire pluriannuelle doit permettre de prévoir, d’anticiper, et de garantir plus d’équité territoriale.” Sur le terrain, alors que certains redoutent que cette anticipation ne serve à légitimer des suppressions futures, Sophie Sarraute se défend de toute logique comptable. “Ce que nous voulons éviter, c’est que ce document soit perçu comme une épée de Damoclès sur certaines écoles. L’idée, c’est la transparence et le dialogue. Les prévisions de baisse ne doivent pas être vécues comme une menace, mais comme une base de discussion.” En décembre, la Dasen devrait présenter ces données lors d’observatoires territoriaux

“Une carte scolaire doit être pensée pour les enfants”

Un argument qui ne convainc pas la FCPE, le représentant déplorant un déséquilibre dans la méthode. “On nous parle de projections, d’algorithmes, mais jamais de qualité pédagogique ni d’accompagnement. Il faut que soient pris en compte les AESH, mais aussi les personnels de santé, les personnels sociaux et de direction. Une carte scolaire doit être pensée pour les enfants, pas pour les statistiques”, s’agace Éric Labastie.

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Au-delà des polémiques, la tendance de fond semble inéluctable. Les naissances s’effondrent, les jeunes familles s’installent moins dans les zones rurales. En décembre, les prévisions école par école devraient être connues, et elles pourraient bien redessiner durablement la carte scolaire du département.

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