Le coureur a été contraint d’arrêter sa carrière, victimes de chutes et de chocs à répétition durant sa carrière professionnelle.
Le cyclisme professionnel fait rêver par sa vitesse et son endurance, mais derrière les podiums et les sprints se cachent des dangers invisibles. Marc Sarreau, ancien sprinteur de la Groupama-FDJ et Decathlon AG2R La Mondiale, a mis un terme à sa carrière à seulement 31 ans, non par manque de jambes, mais parce que son cerveau ne pouvait plus encaisser les impacts répétés.
Son témoignage, publié dans Le Parisien-Aujourd’hui en France, lève le voile sur un sujet encore trop tabou : les commotions cérébrales dans le cyclisme.
Sarreau raconte des chutes répétées, comme celle du Tour de Pologne en 2020 lors de l’accident tragique de Fabio Jakobsen, ou une autre, en 2021, sur le Tour du Limousin où il faillit heurter une spectatrice.

Chaque impact a laissé une trace. “Tous les jours des maux de tête, un manque d’attention et de la fatigue. Je n’arrivais plus à m’entraîner ou à aller sur les courses convenablement”, confie-t-il.
Fin septembre 2024, c’est Marc Madiot, le directeur de son équipe, qui l’a mis en garde. “Il craignait qu’une nouvelle chute provoque quelque chose de pire. Et donc que ma prolongation de deux ans était annulée.”
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“Un légume, ou pire encore”
Mais l’alerte n’était pas seulement administrative. Des examens neurologiques révèlent ensuite que son cerveau ne se remettait plus. Le spécialiste fut sans appel : “Il y a vraiment un problème” luia-t-il dit. “Tu as subi trop de chocs à la tête. Maintenant, tu as une fragilité qui est là. Plus tu tomberas, plus cela s’aggravera”. “J’ai compris qu’en cas de nouvelle chute, je pouvais devenir un légume ou pire encore.”
Sarreau se rappelle qu’après une chute au GP de Denain, un médecin lui avait simplement signalé qu’il avait heurté sa tête alors qu’il pensait le contraire. “Le cerveau, c’est comme le permis à points. Moi, j’ai lentement mangé peu à peu les points de mon cerveau. Et je n’étais pas loin de ne plus en avoir…”
Ou encore, lors d’une course en Slovénie, après une chute : “Notre médecin d’équipe n’était pas sur la course. Je suis reparti quand même. Mais à un moment, j’ai lâché le peloton en réalisant que j’étais à peine lucide et que je pouvais faire tomber plein de gars. J’ai fini seul les 40 derniers kilomètres. Le soir, j’ai vu le médecin d’une autre équipe qui m’a dit que les symptômes étaient minimes. Pourtant, je n’arrivais même pas à écrire correctement un SMS à ma compagne. Le lendemain, je n’ai pas voulu prendre le départ.”
Aujourd’hui, Marc Sarreau doit apprendre à vivre avec ces séquelles et espère que son récit servira d’alerte.