À 38 ans, Maude-Carola du Tillieu a survécu à un accident qui a effacé dix ans de sa vie. Onze ans plus tard, cette mère de famille court des semi-marathons et raconte son chemin de résilience.
Quand Maude-Carola du Tillieu se réveille à l’hôpital, en Franche Comté, elle croit avoir 28 ans. Elle en a pourtant 38. Ses enfants ? Elle pense qu’ils ont 2 et 4 ans. Ils en ont en réalité 12 et 14. Dix années envolées, raconte-t-elle auprès de France 3 Franche Comté.
Juste avant, il y a ce virage, ce “tout droit”, et cet AVC dont elle ne saura jamais s’il a frappé avant, pendant ou après son accident, en 2014. Elle était alors chauffeure poids lourd. Le choc est brutal : bassin et jambes fracturés, nez cassé, crâne enfoncé. Pendant le coma, la pression est telle que “ses yeux sortaient des orbites”. À la sortie, c’est tout son côté droit qui est paralysé.
“Je n’arrive pas à me faire à mon âge”
Et puis il y a les mots entendus par ses enfants, gravés pour toujours : “Maman ne remarchera pas”. “Je n’arrive pas à me faire à mon âge, à me dire que je vais avoir 50 ans. Même sur les photos, je ne me reconnais pas”, confie-t-elle aujourd’hui à France 3.
La rééducation devient un premier combat. Elle refuse de rester deux mois en centre spécialisé et veut revenir chez elle. Son fauteuil roulant, elle en fait un déambulateur. Les 800 mètres jusqu’au centre deviennent un défi quotidien. Puis un jour, elle parcourt deux kilomètres. Alors elle se dit “pourquoi pas plus ?”. “Et pourquoi pas un semi-marathon pour les deux ans post-AVC ?” se rappelle-t-elle auprès de France 3.
Elle remet ses baskets
Contre l’avis de son médecin, elle remet les baskets. “Pendant un an, je suis restée assise dans le fauteuil, à la merci de tous. Quand j’ai commencé à courir, je me suis dit qu’au moins ça, je peux le faire toute seule.” Elle fait un premier semi en Suisse. Ce n’était que le début.
Aujourd’hui, elle en compte 22, et même un marathon, celui des Jeux olympiques, obtenu après avoir “gagné son dossard”. Elle refuse la catégorie handisport. “Je me dis que je suis valide. Je ne suis pas en fauteuil roulant, donc je ne fais pas partie des handicapés. Même si je le suis un petit peu”, sourit-elle.
“Je me dis que je suis vivante. On a une seule vie. Grâce à la résilience, on peut faire beaucoup de choses.” Aujourd’hui, elle écrit un livre, ‘Ma vie, ma résilience’ et s’engage en prévention routière.

