Les attentats du 13 novembre 2015 à Paris auraient pu être encore plus dévastateurs. Une probable erreur d’horaire des kamikazes au Stade de France a évité un massacre massif.
Ce 13 novembre 2015 aurait-il pu être encore plus cauchemardesque ? Difficile d’y croire tant l’horreur qui a frappé Paris et Saint-Denis est encore dans toutes les pensées. Le bilan est de 130 morts au total, des centaines de blessés et des milliers de personnes touchées, physiquement et psychologiquement, par un drame que les Français n’ont pas oublié 10 ans plus tard et que personne n’effacera jamais de sa mémoire.
À lire aussi :
TEMOIGNAGE. Attentats du 13-Novembre à Paris : “C’est fou comme le souvenir reste vif”, explique un survivant du Bataclan

Ce soir-là, dans la capitale, le massacre avait commencé au Stade de France, où se déroulait un match amical entre la France et l’Allemagne. Trois kamikazes, munis de ceintures d’explosifs, étaient censés faire le plus de victimes possible parmi les spectateurs s’étant déplacés dans l’enceinte dyonisienne.
Un chauffeur de car tué
Il y a 10 ans, le commando avait été déposé par Salah Abdeslam aux abords de l’enceinte sportive à 20h45. Le premier homme a fait déclencher son gilet explosif à 21h17, à hauteur de la porte D, devant la terrasse d’un restaurant. Le deuxième lui a succédé trois minutes plus tard, à 21h20, à quelques dizaines de mètres, porte H. Le troisième, de son côté, a erré dans des rues adjacentes pendant plusieurs dizaines de minutes, ce qui laisse penser que le plan ne s’était pas déroulé comme prévu. Il a finalement activé sa ceinture à 21h53, rue de la Cokerie, à une centaine de mètres plus loin.
À Saint-Denis, une personne est morte : Manuel Dias, chauffeur de car de 63 ans, attendait des clients dans une brasserie à quelques mètres de l’entrée du stade. Le sexagénaire a été soufflé par l’une des bombes qui a explosé et demeure l’unique victime du Stade de France. “On aurait pu vivre une tragédie encore plus monstrueuse”, a confié à L’Équipe, François Hollande, ce jeudi 13 novembre.
À lire aussi :
Attentats du 13-Novembre : Bataclan, assauts du RAID… François Molins, l’ex-procureur de Paris, se souvient de “l’horreur absolue”
Interrogé par nos confrères, l’ancien président de la République (2012-2017) semble formuler, encore aujourd’hui, une certaine incompréhension. “Ce qu’il s’est passé demeure un mystère. Les terroristes auraient parfaitement pu faire sauter leur bombe au moment de l’entrée du public dans le stade.” Oui, mais voilà, au moins deux des trois terroristes ne possédaient pas de billets pour le match.
Les terroristes en retard ?
Dans une vidéo de recomposition de la soirée créée par Le Monde, les trois kamikazes sont filmés par une caméra de surveillance aux abords du stade à 21 heures, l’un d’eux est au téléphone et quelque chose semble clocher. “Visiblement, ils n’avaient pas l’habitude d’aller à des matchs de foot dans des grands stades internationaux. Je me demande, naïvement, s’ils n’ont pas pensé qu’ils allaient pouvoir rentrer beaucoup plus facilement”, commente François Molins, procureur de Paris, au moment des faits.
Lors des investigations menées suite aux attentats, une hypothèse a été émise : les terroristes se seraient trompés d’heure. Ils auraient en effet confondu l’heure anglaise avec l’heure française et seraient arrivés en retard sur les lieux. Ainsi, ce soir-là, les spectateurs ont eu le temps de gagner leurs places et les terroristes n’ont trouvé qu’un parvis désert à leur arrivée.
“Il y aurait eu des dizaines de morts”
L’ancien chef de l’État, François Hollande, confirme : “Je pense, effectivement, qu’il a pu y avoir un problème d’horaire. Si, ensuite, ils avaient attendu la fin de la rencontre, il y aurait eu des dizaines de morts. Mais ils avaient sans doute pour ordre de déclencher le feu afin de lancer l’opération à Paris”, a-t-il expliqué au quotidien sportif.
Cette erreur a probablement sauvé la vie de milliers de personnes, entrées assister à la rencontre des Bleus dans la simple effervescence du match, sans se douter de ce qu’il se passait à quelques mètres d’eux. La décision de fermer l’ensemble des portes d’accès au Stade de France avait ensuite été prise par les autorités à la mi-temps du match, afin que les spectateurs ne quittent pas l’enceinte.

