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Le Nouvel Obs avec AFP
Des Palestiniens fouillent les décombres de la tour al-Ghafari après sa destruction par des frappes aériennes israéliennes dans la ville de Gaza, le 15 septembre 2025. OMAR AL-QATTAA / AFP
Une commission d’enquête internationale indépendante de l’ONU a accusé ce mardi 16 septembre Israël de commettre un « génocide » à Gaza depuis octobre 2023 avec l’intention de « détruire » les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benyamin Netanyahou et d’autres responsables israéliens.
Dans la foulée, Israël a « rejeté catégoriquement » le rapport de la commission d’enquête internationale indépendante, a dénoncé un rapport « biaisé et mensonger » et appelle « à la dissolution immédiate de cette commission d’enquête ».
La commission, qui ne s’exprime pas au nom de l’ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée « à la conclusion qu’un génocide se produi[sait] à Gaza et continu[ait] de se produire » dans ce territoire palestinien, a déclaré à l’AFP sa présidente, Navi Pillay. « La responsabilité incombe à l’Etat d’Israël », a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.
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Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.
La commission d’enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis « quatre des cinq actes génocidaires » définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide. A savoir : « meurtre de membres du groupe ; atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ».
Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, et l’ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient « incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes [n’avaient] pas pris de mesures » pour les en empêcher.
« Une intention de détruire les Palestiniens à Gaza »
« Il est clair qu’il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide », a relevé dans un communiqué Navi Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI). Les plus hauts dirigeants israéliens « ont orchestré une campagne génocidaire », a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne haute-commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU.
La commission n’est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser. La commission a conclu un accord de coopération avec la CPI avec laquelle « nous avons partagé des milliers d’informations », a indiqué Navi Pillay à l’AFP.
« La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l’absence d’action pour y mettre fin équivaut à une complicité », a indiqué Navi Pillay.
La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65 000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas, données jugées fiables par l’ONU.
Israël plusieurs fois accusé
Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l’ONU, et jusque devant la justice internationale, à l’initiative de l’Afrique du Sud. Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations. L’ONU n’a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à « agir pour empêcher un génocide ».
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A La Haye, la Cour internationale de Justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d’arrêt soient délivrés à l’encontre de Benyamin Netanyahou et Yoav Gallant, soupçonnés de crimes contre l’humanité et crimes de guerre. La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d’arrêt, notamment l’interdiction d’entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux Etats-Unis.