Redressement judiciaire pour les Ducs de Gascogne : reprise actée par la Conserverie du Sud, production maintenue à Gimont, mais deux tiers des salariés restent sur le carreau.
L’aventure continue pour l’entreprise Les Ducs de Gascogne. Basée à Gimont, ce fleuron de la gastronomie gasconne était, ces derniers mois, voire ces dernières années, en grandes difficultés financières, au point d’être placée en redressement judiciaire au mois de mai dernier, après s’être trouvée en cessation de paiements le mois précédent. Son rachat en 2023 par le fonds agroalimentaire Quaterra a accéléré son déclin, menaçant sa survie et l’emploi de ses 76 salariés.
Le tribunal de commerce de Paris a reçu trois offres de reprise, et c’est l’entreprise Conserverie du Sud qui a finalement été choisie. Le tribunal a rendu sa décision le 4 septembre et validé l’offre de reprise de l’entreprise des Hautes-Pyrénées, qui a créé la société de reprise Conserverie Gascogne.
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Cette offre comprend la reprise de tous les biens corporels et incorporels de l’entreprise. Comprendre : les biens immobiliers, matériel, stocks, etc., mais aussi la marque, etc. “L’activité continue sur le site de Gimont. La production et la distribution sont toujours assurées”, indique le PDG de Conserverie du Sud, Clément Menet, présent sur le site depuis lundi pour gérer la reprise.
Cette offre ne prévoit toutefois le maintien que de 28 salariés. Le nombre de salariés est passé de 76 en mai, lors du placement en redressement judiciaire, à 68 en août, à l’occasion de l’audience devant le tribunal de commerce.
Propositions
Même si cette cession ne permet pas de préserver tous les emplois, le maire de Gimont, Franck Villeneuve, qui a suivi le dossier de près tout l’été, se dit soulagé de voir l’entreprise sauvée et rester à Gimont. “Nous avons, à la mairie, très vite été sollicités par le personnel, que l’on a reçu. Avec le conseil départemental, la préfecture, le député Taupiac, le sujet a été pris très au sérieux dès le début”, affirme le maire.
Plusieurs réunions et rencontres ont été organisées avec des entreprises du secteur en besoin de main-d’œuvre pour faire des propositions aux salariés qui ne seront pas repris et qui seront victimes de ce licenciement économique.
L’entreprise Prolainat, installée à Blanquefort, près de Mauvezin, et spécialisée dans les desserts surgelés, Crusta C, entreprise lisloise leader sur le marché de la crevette cuite réfrigérée, la coopérative de Fleurance Ethiquable, dédiée au chocolat bio, ou encore Latécoère, spécialisée dans la fourniture d’équipements aéronautiques, auraient d’ores et déjà fait part de leur besoin de recrutement.

“Les entreprises du département se sont mobilisées, il y a eu une belle synergie. Après, il s’agit de propositions et de pistes, rien ne dit que l’ensemble du personnel retrouvera un emploi”, prévient Franck Villeneuve.
Dégringolade express
L’entreprise Ducs de Gascogne a été fondée en 1953. Elle est spécialisée dans la production de foie gras et la confection de coffrets gourmands de produits du terroir.
En 2022, l’entreprise comptait encore une centaine de salariés et générait 18 millions d’euros de chiffre d’affaires. En 2024, le chiffre d’affaires s’écroule à 10 millions d’euros, en raison de plusieurs facteurs (inflation, baisse de la consommation de produits “de luxe”, mais aussi un manque d’investissement structurel pour moderniser les outils ou le site logistique, etc.).
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En moins d’une semaine, l’annonce de la reprise s’est déjà répandue dans toute la ville. “Après la Comtesse du Barry, c’était potentiellement un autre fleuron gimontois qui aurait pu disparaître. Franchement, cela aurait été problématique”, souligne une commerçante de Gimont. “Ce n’était pas non plus le sujet sur toutes les lèvres, mais cela faisait parler quand même. C’est un client qui m’a mise au courant lundi de la sauvegarde, il fait partie des personnes qui restent dans la boîte.”
Sur le parking de l’entreprise, deux salariés interrogés indiquent toujours être en attente d’informations sur leur avenir. “Nous continuons à venir travailler, sans savoir si nous serons maintenus dans l’effectif. On attend aussi de voir quelle proposition on nous fait, on n’en sait pas plus”, affirment-ils.
Malgré une issue douloureuse pour une partie des salariés, cette reprise marque un nouveau départ pour l’entreprise.

