Quelques minutes après le succès de son équipe à Clermont, ce dimanche 7 septembre à l’occasion de la 1re journée du Top 14 (34-24), le manager des “rouge et noir” se satisfaisait de l’état d’esprit de son groupe, guidé par des leaders à leur niveau.
C’était votre premier test, êtes-vous rassurés par votre capacité à répondre à l’intensité des Clermontois dans des conditions pas évidentes ?
Je crois que oui sur le caractère, l’intensité, la capacité à ne pas lâcher avec un début de match pendant 5, 7 minutes où on a déjoué complet. On savait qu’ils allaient être très agressifs. Ils se préparaient depuis huit semaines, donc on savait que le contexte allait être assez terrible sur l’impact physique. Et malheureusement, je crois qu’on fait cinq offloads, on perd trois rucks en l’espace d’un quart d’heure, vingt minutes alors que ce n’est pas du tout le jeu. On se trompe un petit peu de guerre, on est trop espacés sur le terrain. Plein de petites choses qui font qu’on n’arrive pas malheureusement à rentrer dans le match, même si au final, la première mi-temps, c’est 13 entrées dans leur zone de marque quand eux n’y viennent que trois fois. Mais à côté de ça, tu sens qu’ils sont toujours à portée de fusil et que toi, tu n’as pas une maîtrise absolue. Il en manque sur la stratégie, il en manque sur le rugby, mais par contre sur le caractère et l’état d’esprit, il n’y a rien à redire.
On a vu aussi, quand vous avez voulu accélérer en seconde mi-temps, que vous les mettiez dans les cordes, notamment sur les 20 dernières minutes.
Il me semble qu’on a des opportunités à mieux finir, mais je regarderai ça tranquillement. Mais oui, on sentait qu’on n’était pas loin de pouvoir tuer le match et pourquoi pas revenir avec plus. Je ne suis pas sûr que tout le monde vienne gagner à Clermont-Ferrand, donc on va savourer déjà de revenir à quatre points et puis de préparer Perpignan qui, en l’espace d’une semaine un peu courte, va nous arriver très vite.
Que dit cette victoire après ce troisième titre et cette préparation assez courte ?
On l’a choisi, donc on ne va pas en parler 100 ans. La préparation, on voulait la choisir et ne pas la subir. Force est de reconnaître que sur le caractère et l’intensité, on l’a choisi et pas subi. Et puis je n’avais pas l’impression qu’on ait trop de crampes à la fin, donc je me dis qu’ils ont dû se préparer en cachette, donc c’est bien (sourire).
Même s’il reste 25 journées, était-ce important par rapport aux résultats de samedi où Bordeaux-Bègles, Toulon, Bayonne, les autres demi-finalistes, avaient eux aussi gagné ?
Honnêtement, je ne vais pas vous dire le contraire de ce que je pense, donc je m’en fous un peu de ce que font les uns et les autres. Je regarde comment nous allons être en mesure de mettre notre rugby en place, ce qui n’était pas trop le cas aujourd’hui, même s’il y avait des choses assez intéressantes par moments. Et puis, on va essayer surtout de bien recevoir Perpignan, qui, en termes d’intensité, est toujours une équipe délicate à manœuvrer. On sait qu’on a un calendrier au début, comme beaucoup, costaud, donc à nous de trouver les bonnes ressources. On fait quand même deux commotions (Pita Ahki et Théo Ntamack, NDLR), on y laisse des plumes. Ce n’était plus le match de gala ou Amical, donc ça a cogné, il y avait de l’intensité, à l’image même de la défense du dernier ballon porté qui est remarquable en termes d’état d’esprit, donc on va s’appuyer sur ça. On sait que les 4, 5 premiers matchs font partie de notre préparation. Si en plus on peut ne pas se mettre une balle dans le pied en partant de trop loin, ça sera bien. Donc après, les autres ont le droit de bien jouer, mais on va se préoccuper de nous.
Avez-vous senti que l’essai d’Anthony Jelonch (72) scellait le sort du match ?
Oui, à partir du moment où tu es à 10 points, à 8 minutes de la fin. Et en plus il y a une opportunité de plus pour nous, voire deux. On est en situation de peut-être aller chercher le bonus, mais encore une fois, marquer quatre essais à Clermont dans ces conditions-là, le ballon était très glissant, un match de début de saison avec les approximations que vous avez vues d’un côté et de l’autre. On ne va pas en tirer des conclusions énormes ni sur les uns ni sur les autres. On va se préoccuper de nous et travailler sur justement les faiblesses qui ont été les nôtres ce soir. Mais au-delà de ne pas marquer, il y a plus des situations de gestion de sorties de camp et notamment une en début de match et une en seconde mi-temps qui nous coûtent cher puisque c’est l’origine des deux essais de Clermont. Je ne dis pas qu’on les offre parce qu’ils ont le droit de nous mettre à la faute aussi mais en tout cas c’est trop facile pour qu’on en soit satisfait ce soir. Mais après le reste, sur l’état d’esprit encore une fois, il y a quelques rentrées, le banc a fait plus que le job. Kalvin (Gourgues) a remplacé Pita 65 minutes… Donc on est aussi satisfaits des comportements individuels, mais évidemment, le collectif prime surtout.
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Quelle est votre recette pour gagner une quatrième fois de suite au Michelin ?
Je ne sais pas, il n’y en a pas. C’est aussi peut-être conjoncturel et lié à la qualité de l’équipe et de l’effectif. Honnêtement, les dernières rencontres ont toujours été réalisées par une équipe très jeune, avec beaucoup de panache la plupart du temps. Ce soir, c’était une équipe un peu plus affirmée et confirmée, donc on est contents aussi de gagner avec les gros joueurs, parce que les gros joueurs avaient peut-être un petit peu la pression aussi.
Parmi eux, vous retrouvez Romain Ntamack en pleine possession de ses moyens.
Romain a fait un match d’ouvreur propre, classique, bien aidé par Thomas (Ramos) aussi. C’est sûr que sur l’occupation et sur la capacité à mettre des pieds et la justesse de leur gestion et de leur management ont été sur le terrain incroyables. Ils ont managé tout le monde, tu voyais qu’ils communiquaient l’un et l’autre. Donc Romain est mieux mais Romain, il a joué avec le genou de Jérôme Cazalbou (il regarde le manager du haut niveau présent dans la salle, NDLR) pendant une huit et demi donc c’était dur pour lui avant (sourire). Là, maintenant qu’il a récupéré le genou de Romain Ntamack, ça va un peu mieux.
Thomas Ramos a effectivement été tout feu tout flamme…
Ah mais Thomas vous le connaissez, il est en maîtrise de son activité, en maîtrise de son poste, en maîtrise de son statut. Après, il faut qu’il soit au jeu, vous le savez, comme moi, mais quand il est comme ça, oui, c’est un joueur de classe. Il a été pendant longtemps un joueur de classe internationale, je crois qu’il bascule dans l’autre ère, celui de classe mondiale. Donc en tout cas, j’espère qu’on continuera à les avoir à ce niveau-là longtemps.