Après une difficile redescente après le Jeux Olympiques de Paris, le vice-champion olympique de boxe, Billal Bennama, a choisi de se lancer en professionnel en parallèle de sa carrière amateur. Car le Toulousain a toujours dans le viseur les JO de Los Angeles en 2028 et pense déjà à la suite.
Quand est-ce que vous avez pris la décision de vous lancer en professionnel ?
Il faut savoir qu’après les Jeux, je m’attendais à ce que cela s’enchaîne grâce à ma médaille. Donc j’avais cette ambition de passer pro. Au final, il n’y avait pas de promoteur, on ne m’a rien proposé d’excitant. Donc j’ai préféré oublier, mettre de côté cette envie et continuer en amateur avec l’équipe de France. J’ai fait quelques stages. J’en ai fait deux ou trois. Et puis, mi-août, on a eu une longue discussion avec mon père (Mohammed Bennama, son entraîneur). Il m’a dit : “Écoute, tu as 27 ans, je pense que là c’est le moment.” Autant commencer à prendre de l’expérience justement parce que moi après les Jeux de Los Angeles j’aurai 30 ans et je ne me voyais pas commencer une carrière pro à l’âge de 30 ans. C’est là que l’envie est arrivée.
Après les Jeux de Paris, avez-vous ressenti une sensation de vide ?
Oui parce que les JO de Paris, je me suis mis à fond dedans deux ans avant le début, puis l’euphorie a continué deux ou trois mois après. Et ensuite, c’était une chute totale, brutale. C’est dur parce que psychologiquement, il faut s’y préparer. Moi, j’ai la chance d’avoir ma famille à mes côtés, heureusement. Ça a été dur pendant au moins trois mois. Je n’avais plus cette envie de m’entraîner. Je voyais qu’il n’y avait rien qui… Il n’y avait rien pour moi. Je n’avais plus cette petite flamme. Je me suis dit que cette médaille d’argent doit m’apporter beaucoup de choses. Mais au final, elle ne m’a rien apporté. J’exagère, elle m’a quand même apporté un petit peu, mais pas grand-chose. Donc, il y a eu cette complication d’après-jeu. Avec tout cet engouement qu’il y a eu autour de Paris 2024, c’est vrai que quelques mois après, c’était un peu compliqué.
Vous pensiez que cette médaille allait vous permettre d’enchaîner après cette compétition ?
Oui, car je trouvais que j’avais fait un parcours… énorme, en tout cas, de mon point de vue et d’un point de vue extérieur de par mon père et tout. C’est vrai que j’ai fait une très grosse compétition. J’ai eu un tirage très compliqué. J’ai réussi à m’en sortir de par mes qualités. Et je pensais que, justement, avec cette médaille, ça allait m’apporter peut-être des promoteurs qui allaient miser sur moi pour la suite, pour le passage en professionnel, justement. Et au final, non. Donc, je me suis dit, bon, tant pis, on a le dernier recours. Ça reste Los Angeles qui, je pense (il réfléchit) avec une belle médaille, ça m’ouvrira beaucoup plus de portes, c’est certain.
Et si vous aviez eu la médaille d’or à Paris, pensez-vous que la situation aurait été très différente ?
Je pense, oui. Parce que si vous regardez bien, en boxe en tout cas, tous les médaillés d’or olympique qu’on a eu en France, ils ont ensuite eu une propulsion énorme dans le milieu professionnel, avec une télé qui les suivait, un promoteur, etc. En revanche, avec une médaille d’argent ou une médaille de bronze, on ne fait pas grand-chose.

