Israël a été autorisé à participer à l’Eurovision 2026. FRANCOIS GREUEZ/SIPA
Premières tensions autour de l’édition 2026 de l’Eurovision après l’ouverture de la compétition à Israël. Les membres de l’Union européenne de Radio-Télévision (UER) ont voté jeudi 4 décembre en faveur de nouvelles règles permettant la participation de tous : Israël pourra donc s’il le souhaite participer à l’édition 2026 à Vienne (Autriche). Une décision qui a déclenché instantanément des annonces de boycott. Après l’édition 2024, la guerre à Gaza s’invite à nouveau dans le concours de chant.
• La France confirme sa participation à l’Eurovision
La France a confirmé ce vendredi 5 décembre sa participation à l’Eurovision 2026 et son soutien à la présence d’Israël au concours musical. Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, s’est félicité dans un message sur X « que l’Eurovision n’ait pas cédé aux pressions, et que la France ait contribué à empêcher un boycott d’Israël dans cette enceinte ».
« J’appelle au refus catégorique de l’obscurantisme promu par les tenants du boycott dans les salles de spectacles comme dans les universités. Faudrait-il, par opposition à la politique d’un gouvernement, pousser la bêtise jusqu’à interdire les romans de David Grossman, les films d’Amos Gitaï, les concerts d’Avishai Cohen et de Daniel Barenboïm ? », a-t-il ajouté.
• « Environ cinq pays » boycotteront le concours
Quelque 35 pays devraient participer à la prochaine édition de l’Eurovision en mai 2026 tandis qu’« environ cinq » pays ont prévu de boycotter le concours, après la décision de permettre à Israël d’y participer, a déclaré le directeur de l’évènement Martin Green. « J’espère vraiment que ces quelques diffuseurs qui estiment ne pas pouvoir être présents l’année prochaine reviendront en 2027 », a-t-il ajouté.
Les diffuseurs des Pays Bas, de l’Irlande, de l’Espagne et de la Slovénie ont déjà annoncé qu’ils ne participeraient pas à l’Eurovision en 2026. Le diffuseur néerlandais Avrotros a estimé que sa « participation n’[était] pas compatible avec [s]es valeurs publiques fondamentales ». A Dublin, le groupe audiovisuel public irlandais RTE a expliqué avoir pris cette décision « compte tenu des pertes humaines effroyables à Gaza et de la crise humanitaire qui continue de mettre en danger la vie de tant de civils ».
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« La RTVE a annoncé le retrait de l’Espagne du concours Eurovision suite aux votes tenus ce jour lors de la 95e Assemblée générale de l’UER à Genève, qui se sont conclus par le maintien d’Israël », a de son côté indiqué dans un communiqué la chaîne publique de ce pays placé en tête de l’opposition à la participation d’Israël au célèbre radio-crochet. « Nous continuons d’appeler au boycott sportif et culturel de tout événement auquel Israël participe avec son drapeau, comme c’est le cas pour l’Eurovision », a déclaré le ministre espagnol de la Culture, Ernest Urtasun.
La directrice de la télévision publique slovène RTVSLO, Natasa Gorscak, a confirmé que la Slovénie ne participerait « absolument pas » au concours 2026. D’autres boycotts pourraient être annoncés dans les prochaines heures, comme celui du diffuseur islandais RUV, qui a annoncé une décision le 10 décembre.
• Israël satisfait de pouvoir participer
Les votants réunis au siège de l’UER à Genève (Suisse) ont approuvé jeudi « une série de modifications » du célèbre télé-crochet, « destinées à renforcer la confiance, la transparence et la neutralité de l’événement », rendant ainsi « éligibles » tous les membres souhaitant participer au concours, a annoncé l’organisation dans un communiqué. « Une large majorité des membres sont convenus qu’il n’était pas nécessaire de procéder à un nouveau vote sur la participation » d’Israël et que l’édition 2026 « devait se dérouler comme prévu », a-t-elle ajouté.
Israël « mérite d’être représenté sur toutes les scènes du monde », a déclaré le président israélien Isaac Herzog en se félicitant de cette décision. « Je suis heureux du fait qu’Israël participera une nouvelle fois à l’Eurovision […], et j’espère que cette compétition restera un événement qui promeut la culture, la musique, l’amitié entre les nations et la compréhension culturelle transfrontalière », a écrit Isaac Herzog. « Merci à tous nos amis qui ont défendu le droit d’Israël de continuer à contribuer et à concourir à l’Eurovision », a-t-il ajouté.
« J’ai honte pour ces pays [qui boycottent] », a de son côté laconiquement commenté le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Sa’ar.
• La direction de l’événement insiste sur son caractère « apolitique »
Martin Green a insisté sur le caractère apolitique de l’Eurovision. « Ce ne sont pas les gouvernements qui participent à l’Eurovision, mais les diffuseurs publics et les artistes », a-t-il souligné.
• L’Allemagne soutient la participation d’Israël
Au moment où les diffuseurs européens discutaient de l’éventuelle exclusion d’Israël à cause de son offensive à Gaza, l’Allemagne, traditionnel soutien du pays, a défendu son droit à y participer. La chaîne régionale allemande SWR, chargée à compter de 2026 de la retransmission de l’événement, a estimé que « la chaîne israélienne KAN répond à toutes les exigences pour participer » au concours, dans un communiqué transmis à l’AFP. Le chancelier allemand Friedrich Merz avait déjà déclaré début octobre que l’Allemagne devrait se retirer de l’Eurovision 2026 si Israël était exclu de la compétition.

