August 5, 2025

La Dive bouteille de Gaillac et la confrérie du Brie de Melun s’apprécient depuis trente ans

l’essentiel
La Dive Bouteille et la Confrérie du Brie de Melun ont fêté leurs trente ans d’union à l’occasion de la Fête des Vins.

Henri Plageoles, le Grand Chancelier de la Dive Bouteille, en est convenu en confession publique : des Gaillacois avaient déjà goûté aux charmes capiteux du Brie de Melun et vice-versa. En bref, l’union avait été consommée avant le mariage. Laquelle des deux confréries a fait les premiers pas, quelle stratégie dans l’approche ? Pas de doute, le clin d’œil est venu de Melun : la jeune confrérie du Brie avait à peine un an, elle recherchait un compagnon viril mais correct, un vin trapu, avec de la cuisse et du caractère.

Il semble que les Echansons de France, présents à Gaillac, aient joué les entremetteurs. Mais – c’est la magie des attirances – le choix s’est fait à l’aveugle : les Melunois ont goûté plusieurs crus « à la chaussette » et ont craqué pour les cuvées de Gaillac et leur représentante, la Dive Bouteille. Restait à sceller le contrat dans le marbre. On est en septembre 1995. Charles Pistre, maire de Gaillac depuis le printemps, fait la passe à son copain Jean-Marc Pastor, sénateur depuis un mois, qui n’a jamais fait un abandon de poste devant un plateau de fromages ou un lever de coude. En rugby (sport de Pastor), on appelle cette passe la « vazy-toi ». En face, le maire est Charles Marinelli, brillant cycliste qui a porté une semaine le maillot jaune en 1949 et fini troisième derrière Coppi et Géminiani.

La noce fut sportive, la nuit de noces, avec de nombreux chevaliers des deux confréries, tourna au gang bang fromageo-vineux où chacun a goûté à bouche que veux-tu et jusqu’à plus soif le moelleux de l’un, le coulant de l’autre. « Il fallait marquer le coup » concède Jean-Marc Pastor dont l’oœl frise au souvenir de ces premiers ébats. Trente ans après, l’hyménée dure toujours. « On célèbre les Noces de Perle, qui symbolisent un amour pur, durable, façonné à l’épreuve du temps ».

Eternelle lune de miel

Le Brie de Melun, en rouge-et-bleu, est plus réservé. Les chevaliers de la Dive, gens de Sud, descendants des troubadours et cours d’amour autant que de Rabelais, ont le verbe fleuri : ils aiment les discours qui s’étirent. Mais les deux confréries défendent leur terroir et se retrouvent plusieurs fois l’an. Ah, le terroir !.

Henri Plageoles l’a défini pour l’éternité : « une ligne verticale qui relie les racines et le ciel, une ligne horizontale qui relie la chaîne des temps et des hommes qui ont plié l’échine devant les inclémences du ciel ». Les témoins des Noces de Perle – est-ce l’émotion de l’instant, la chaleur qui mettaient les melunoises au bord de la pâmoison et sortait les éventails du sac à main, l’attente fiévreuse du mauzac de clôture – ont monté un a un les marches du lyrisme, de Jean-Marie Bézios à Martine Souquet, pour prolonger cette lune de miel de trente ans. Henri Plageoles a pourtant soulevé un lièvre inattendu : dans ce mariage, qui est le chevalier, qui est la dame ? « Le » s’applique au vin et au Brie, « la » aux deux confréries ». La théorie du genre y perd son latin. De toute manière, depuis 1995, le mariage pour tous est entré dans les mœurs et la loi.

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