La circulation des trains entre Auch et Toulouse est réduite à l’extrême depuis hier par la panne d’un aiguillage à L’Isle-Jourdain. Les perturbations pourraient s’étendre jusqu’au 14 novembre, annonce SNCF Réseaux. Au grand dam des usagers de la ligne ferroviaire.
Une seule pièce vous manque et tout est arrêté. En raison d’une défaillance sur un aiguillage à L’Isle-Jourdain, les trains sont pratiquement absents entre Auch et Toulouse, et la situation pourrait durer jusqu’au 14 novembre. Face à cette énième perturbation, les usagers sont résignés.
À la gare d’Auch, ce jeudi matin, les voyageurs se comptent sur les doigts de la main. “On avait prévu d’aller à Toulouse à 10 h, explique Jonas. Mais là, il est 10 h 30 ! Après, c’est la SNCF, on connaît la chanson !” Seule solution pour lui et son amie : prendre un bus pour rejoindre L’Isle-Jourdain, et de là le train jusqu’à Toulouse. “C’est gonflant ! Moi, ça va, je vais à Toulouse pour le loisir. Mais les gens qui prennent le train pour le boulot, c’est très gênant.” Au guichet, la réponse est nette : il n’y a que deux trains qui circulent ce jeudi, l’un en tout début de journée et l’autre avant 20 h.
Odyssée ferroviaire
Kiara prend elle aussi son mal en patience sur le parking des bus Lio. Son retour à son domicile de Villecomtal depuis Toulouse s’est transformé en odyssée. “À Matabiau, on nous a annoncé qu’une grève bloquait le train, raconte la jeune femme. Auch n’était plus desservie et on m’a dit de prendre le train pour Montauban. Là, la SNCF devait organiser le trajet vers Auch par bus, mais le chauffeur n’a pas attendu la correspondance !”
Elle a pu compter sur la voiture d’une particulière qui l’a ramenée à Auch… “Je vais mettre près de 4 h pour rentrer chez moi”, soupire Kiara.

Dans la gare, Anne-Marie attend sur un banc. Un choix dicté par la raison : cette habitante de Mirande doit se rendre à Colomiers pour une réunion. “Le battement entre les bus est très court, je ne voulais pas être bloquée !”
Panne durable
Cette grande utilisatrice du train juge “très problématiques” ces difficultés récurrentes. “Il semblerait qu’il y ait des travaux à faire sur la ligne, mais il faudrait qu’on puisse les faire !” Comment revenir de Colomiers ce vendredi ? La situation ne sera pas différente, selon la guichetière. “Il y a une grève, mais ce n’est pas le problème. Un aiguillage est cassé, et ça pourrait durer plusieurs jours.” SNCF Voyageurs, qui gère le transport, fait valoir que “des trains circulent”. Mais ils s’arrêtent à Gimont. Après, le bus prend le relais.
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SNCF Réseau, en charge des infrastructures, confirme : la panne est encore à l’étude. “L’aiguillage doit être remplacé, on étudie les solutions. C’est une opération complexe. Malheureusement, on doit compter un délai de plusieurs jours, voire plusieurs semaines. La date du 14 novembre pourrait être avancée… ou retardée !”
La Région contre-attaque
Dans un contexte de bras de fer entre l’État et la Région, cette dernière n’a pas manqué de réagir. “Ne pouvant se résoudre à voir des habitants privés d’un accès au train et pour pallier le désengagement de l’État, la Région Occitanie s’est engagée à titre exceptionnel à financer les travaux d’urgence sur la ligne Toulouse-Auch, malgré les contraintes budgétaires que la collectivité subit : 4,5 M€ ont ainsi été mobilisés pour pérenniser la ligne jusqu’à 2030 (66,5 % Région et 33,5 % État SNCF Réseau). Le chantier durera 8 semaines et se déroulera de fin 2026 à début 2027.”
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La Région renvoie la balle à l’État : “il a le devoir et la charge d’entretenir les lignes de train dont il est propriétaire et dont la gestion est confiée à SNCF Réseau.” La panne actuelle, insiste la Région, est due à un défaut d’entretien courant, “qui relève des missions quotidiennes de SNCF Réseau, en tant que gestionnaire de l’infrastructure ferroviaire dont l’État est propriétaire.”

