August 2, 2025

"Ce que j’ai vu ici est un exemple concret d’innovation locale" affirme la ministre du Tourisme Nathalie Delattre en visite à la coopérative de Plaimont

l’essentiel
La ministre déléguée en charge du Tourisme était ce samedi 2 août en visite officielle dans le Gers. Elle s’est rendue à Saint-Mont sur le thème de l’œnotourisme, puis à Lavardens et Marciac pour une séquence dédiée au tourisme de patrimoine et culturel.

Des vignerons expliquent que s’ils n’avaient pas pris le virage de l’œnotourisme, ils ne s’en sortiraient pas aujourd’hui, avec les aléas climatiques, la baisse de la consommation. Que peut faire le gouvernement pour accompagner les vignerons pour développer cette activité ?

Je suis venue ici pour apprendre, pas pour donner des leçons. Et ici à la coopérative de Plaimont, je vois un outil exceptionnel sur lequel je vais pouvoir communiquer auprès des acteurs d’autres régions viticoles, mais aussi auprès de mon opérateur national Atout France. L’œnotourisme représente aujourd’hui un potentiel économique considérable. En huit ans, nous avons connu 20 % de croissance dans ce secteur. La France accueille chaque année 12 millions d’œnotouristes, avec 33 millions d’actes d’achat. Cela prouve que l’œnotourisme n’est pas une activité marginale, mais un vrai levier économique pour les territoires viticoles. C’est pourquoi nous travaillons pour qu’il soit inscrit dans la prochaine Politique agricole commune (2028 – 2032), afin que les viticulteurs puissent accéder à des financements pour leurs projets touristiques.

LA ministre a pu découvrir la cave de Plaimont et sa nouvelle installation.
LA ministre a pu découvrir la cave de Plaimont et sa nouvelle installation.
DDM – SEBASTIEN LAPEYRERE

Le Gers n’est pas une destination immédiatement identifiée par les touristes. Comment changer cela ?

C’est une problématique que l’on retrouve dans de nombreux départements ruraux. Pendant longtemps, notre modèle touristique a été très centré sur la montagne l’hiver et le littoral l’été. Des territoires comme le Gers restent dans l’ombre. Notre objectif est désormais de désaisonnaliser le tourisme et de mieux répartir les flux sur l’ensemble du territoire et sur toute l’année, en mettant en avant la ruralité. Nous devons renforcer le lien entre les offices de tourisme, les comités départementaux et régionaux et Atout France, notre opérateur national. Il y a un enjeu de digitalisation, mais aussi de professionnalisation des acteurs. Car le potentiel est là. 8 touristes sur 10 cherchent aujourd’hui du patrimoine, et 1 sur 3 de la gastronomie, mais aussi des expériences sportives ou de pleine nature. Le Gers peut répondre à tout cela.

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Vous évoquez un tourisme plus actif. Le Gers peut-il en bénéficier ?

Oui, notamment grâce au tourisme à vélo, qui se développe fortement avec le vélo électrique. C’est un atout fort pour un territoire comme le Gers. Je crois aussi beaucoup au développement du thermalisme et du tourisme bien-être, même si avec le projet de budget, cela peut être mis à mal. Mais justement, j’ai récemment inauguré les thermes d’Évaux-les-Bains dans la Creuse, qui ont été rénovés avec l’aide de la Caisse des dépôts. Nous travaillons à la mise en place d’un fonds dédié pour soutenir cette filière. Ce que je cherche, c’est de pouvoir mettre en place ce modèle pour le thermalisme. On le voit en Italie. Il y a une renaissance du thermalisme et de son modèle économique. Et ça fonctionne très bien.

La ministre est elle-même vigneronne, et a pu échanger avec les professionnels gersois de la filière.
La ministre est elle-même vigneronne, et a pu échanger avec les professionnels gersois de la filière.
DDM – SEBASTIEN LAPEYRERE

Les restaurateurs signalent une baisse de fréquentation cet été. Est-ce un effet direct de la crise du pouvoir d’achat ?

C’est un sujet que je connais bien, mon frère est cuisinier. Il y a effectivement une baisse de fréquentation, notamment en juillet, mais août semble repartir. Il ne faut pas oublier non plus que les modes de consommation évoluent. Les jeunes, notamment, privilégient souvent le snacking ou la restauration rapide. Cela crée une concurrence directe avec la restauration traditionnelle. Il faut qu’on réapprenne à valoriser nos repas à table, notre culture culinaire. Et cela passe aussi par la transmission, car on a perdu, dans certaines familles, cette habitude de sortir au restaurant.

Vous serez ce soir au festival Jazz In Marciac (hier soir NDLR). Les festivals sont eux aussi en difficulté chaque année, ils ont du mal à trouver un équilibre financier. Ce sont pourtant, comme JIM, des vecteurs de tourisme très important pour un territoire.

La situation est grave, nous avons 3445 milliards d’euros de dette, et 55 milliards rien que pour les intérêts. Si l’on ne change rien, on atteindra 100 milliards d’intérêts d’ici 2029. Il faut sortir du réflexe qui consiste à toujours demander de l’argent public. Ce que je fais dans le domaine du tourisme, c’est aller chercher des investisseurs privés. À Choose France, j’ai présenté plusieurs sites patrimoniaux à valoriser, notamment en zone rurale, pour les transformer en lieux touristiques (hôtels, boutiques, etc.). Et ça fonctionne. Nous travaillons aussi avec Bercy sur les moyens de mobiliser l’épargne privée pour soutenir ces projets non délocalisables.

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