Pascal Testut s’est lancé dans la production d’une variété de fruit peu commune : le raisin rose résistant à la chaleur. Un pari osé mais réussi pour l’agriculteur, qui lui a permis de relancer son exploitation.
Pour contrer la multiplication des vagues de chaleur et continuer à produire des fruits, Pascal Testut, agriculteur à Castelnau-Montratier, a trouvé une alternative surprenante. Depuis six ans, il s’est lancé dans la production de raisin rose, une variété peu commune. Non, il n’est pas viticulteur, et n’en fait pas du rosé avec, mais plutôt du raisin de table. Aucun arrosage de sa part n’est nécessaire, la pluie suffit, avec un peu d’engrais foliaire pour aider à la pousse des vignes. Il traite aussi son exploitation contre le mildiou, la plante n’étant pas résistante à ce champignon. Et le résultat est là : des énormes grappes, fournies en grains rose violet, beaucoup plus grosses que le raisin utilisé pour le vin.

“Même avec cette chaleur étouffante, les plantes réagissent. Les fruits sont très beaux, j’en suis très content”, raconte Pascal Testut. Sur un peu plus d’un hectare, les vignes plus grandes et plus hautes que les autres variétés, s’étalent et cachent sous leur feuille, à l’ombre, ces grappes, qui peuvent peser jusqu’à trois kilos. Il est lui-même parfois surpris par leur taille. Des filets viennent recouvrir les plantes pour les protéger de la grêle et limiter les brûlures des fruits. “Les gens s’arrêtent parfois sur le bord de la route et se demandent ce que c’est et d’autres me posent la question pour en savoir plus sur ces raisins”, plaisante-t-il. Le résultat ? Un fruit sucré et croquant.
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Un pari risqué après plusieurs années difficiles
C’est après un voyage au Maroc en 2019, qu’il décide de se lancer dans l’aventure. “Ils en produisent aussi en Espagne et en Italie, alors je me suis dit pourquoi pas ici”, explique-t-il. Pascal Testut produit également des prunes, des poires et des pommes. Après plusieurs années difficiles, avec des rendements insuffisants, le raisin rose est apparu comme une évidence. Il décide de miser sur cette variété en plantant petit à petit des vignes sur une partie de sa parcelle. “Je crois que j’ai pris la bonne décision”, sourit le Lotois. “Ça m’a sauvé. J’ai pu remonter la pente grâce au raisin rose”, affirme-t-il. Les rendements sont impressionnants : entre 25 et 30 tonnes l’hectare, sans année blanche jusqu’à présent. “Ça m’a prouvé qu’il ne fallait pas baisser les bras et que d’autres solutions existaient”.
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Face au succès, un développement de la variété est en projet
Pas de vendange ici, les raisins sont récoltés à la main, au sécateur, en toute délicatesse, fin août. Pour la vente, il fait appel à une société basée à Moissac, qui lui rachète 100 % de sa production. “J’ai pris le risque de faire pousser ces plantes, sans savoir s’il y allait avoir des clients derrière”, assume-t-il. Pari réussi donc pour l’agriculteur qui compte bien continuer à développer cette variété face au succès de son raisin rose.