Le fondateur de la messagerie Telegram Pavel Durov est interrogé lundi par les juges d’instruction chargés des investigations à Paris sur la complicité éventuelle de la plateforme avec des agissements criminels, a appris l’AFP de sources proches du dossier.
C’est son troisième interrogatoire de fond depuis sa mise en examen en août 2024 pour une litanie d’infractions relevant de la criminalité organisée. Ce lundi 28 juillet, Pavel Durov, le patron de Telegram russe naturalisé français depuis 2021, est arrivé costume et casquette noirs aux alentours de 10 heures au tribunal judiciaire de Paris.
Il est arrivé en présence de ses quatre avocats, David-Olivier Kaminski, Christophe Ingrain, Robin Binsard et Isaac Arnoud. Il a ensuite rejoint le bureau des deux juges d’instruction chargés de cette affaire. Ni M. Durov, ni ses conseils n’ont souhaité s’exprimer.
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La justice française lui reproche globalement de ne pas agir contre la diffusion de contenus criminels sur sa messagerie. Lors de son première interrogatoire au fond en décembre, il avait reconnu avoir “pris connaissance en garde à vue de la gravité des faits” reprochés à sa plateforme.
Il avait assuré ne pas avoir créé Telegram en 2013 avec son frère “pour les criminels” mais leur présence, “une fraction minime”, “a aussi augmenté”, avait-il admis. Et promis d'”améliorer” les processus de modération.
Une meilleure collaboration de Telegram
Depuis l’interpellation de Pavel Durov à sa descente d’avion fin août 2024 à l’aéroport du Bourget, les autorités judiciaires constatent une meilleure collaboration de Telegram, ont rapporté à l’AFP des acteurs de la criminalité organisée notamment.
Pavel Durov a vu son contrôle judiciaire être allégé par la cour d’appel de Paris et peut, depuis le 10 juillet, se rendre à Dubaï, où il s’est établi, “pour des durées de 14 jours consécutifs au maximum” après en avoir informé les juges d’instruction.
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Selon une source proche du dossier, ses avocats ont déposé auprès de la cour d’appel de Paris des requêtes en nullité et d’autres recours contre la procédure.
Ont également été déposées une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) devant la justice française et une question préjudicielle à la Cour de justice de l’Union européenne, selon cette même source.