July 26, 2025

REPORTAGE. "Une décision de merde", "vaut mieux ne pas tomber malade" : dans les déserts médicaux, le cri d’alerte des pharmaciens et des Français

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À Gourdon, dans le Lot, pharmaciens et locaux ne masquent pas leur inquiétude face à la baisse annoncée de la rémunération sur les médicaments génériques et les conséquences que pourrait avoir cette décision dans leur quotidien. Reportage.

“C’est la mort des pharmacies, tout simplement.” Le constat dressé par Florence ce vendredi 25 juin est clair, le cri de détresse authentique. Cette pharmacienne de Gourdon (Lot) exprime un ressenti partagé par l’ensemble de ses confrères qui sont en grève depuis le début du mois de juillet. Le projet gouvernemental prévoit de réduire fortement les remises sur les médicaments génériques, comprimant la marge des pharmacies. Il inquiète fortement et risque de mettre en péril l’équilibre économique de nombreuses officines rurales.

Au sein de la pharmacie des Cordeliers, un emploi serait en péril si le projet de loi venait à être voté. “Ça fait peur, confie Nathalie, une autre employée. Si on vient à nous baisser ce qui nous permettait de faire notre marge, des emplois seront supprimés, et pire encore, certaines pharmacies risquent de fermer. On ne va pas s’en sortir si on continue comme ça. Aujourd’hui, dans le Lot, mieux vaut ne pas être malade, car la médecine devient très compliquée”, regrette-t-elle.

“Une décision aberrante”

Dans le département, près d’un quart des pharmacies pourrait mettre la clé sous la porte à court ou moyen terme. Des officines en danger qui risquent de creuser les inégalités au sein du monde rural, où les déserts médicaux se multiplient chaque jour et où trouver un médecin équivaut à un parcours du combattant. “Ce chiffre fait peur. Dans les grandes villes, ce n’est pas si grave. Dans un département comme le nôtre, on va devoir rouler et continuer de rouler, juste pour se soigner”, confie Guillaume, croisé devant une autre pharmacie de la sous-préfecture du Lot.

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“Les économies effectuées sur le dos des pharmacies… On veut trouver des millions en jouant sur notre santé, je trouve ça aberrant”, enchérit Raymond, retraité. Guillaume poursuit et craint notamment pour la santé de ses aînés, eux qui n’ont pas forcément l’occasion de prendre la voiture pour se rendre dans ces pharmacies. “C’est une décision de merde, surtout dans un département comme le nôtre où il y a une bonne partie de la population qui est âgée. Ils ont besoin de médicaments. S’il n’y a plus de pharmacies, il n’y a plus de médicaments. Et s’il n’y a plus de médicaments, il n’y a plus de personnes âgées”, explique le trentenaire.

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Le jeudi 17 juillet, aucune pharmacie de garde n’avait été officiellement réquisitionnée. Un couac administratif qui a provoqué une certaine angoisse dans le département. “On nous donne toujours plus de missions, et pourtant on veut nous mettre la tête sous l’eau. Cet épisode démontre notre rôle essentiel dans le système de santé”, tenait à rappeler Caroline, une autre pharmacienne gourdonnaise.

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