Directeur de la station de Peyragudes et président de la section Pyrénées de Domaines skiables de France, Laurent Garcia comprend la colère paysanne mais s’inquiète à la veille de vacances de Noël pourtant prometteuse. Entretien.
Laurent, quel regard portez-vous sur le mouvement agricole et les barrages filtrants mis en place sur la route des stations ?
On comprend le mécontentement et on est solidaire de ces actions. Nous avons dans nos entreprises des salariés qui ont un pied en station et un autre sur leurs exploitations. On espère qu’ils n’iront pas jusqu’à bloquer totalement. On ne peut pas être la cible unique de cette colère, justifiée, mais pour laquelle on ne peut rien. Cela entraîne des difficultés pour les gens qui vivent dans ces vallées, pour venir travailler en station, ou même pour retrouver leur famille. D’autant que le réseau secondaire n’est pas sécurisé et pas adapté pour ce trafic-là.
Ces manifestations ont-elles eu un impact sur les réservations ?
À aujourd’hui (jeudi), nous n’avons pas eu d’annulation. La clientèle, comme nous, attend un dénouement heureux. Mais cette semaine on tourne doucement, avec trois jours de congé pour les agents. On tourne à perte alors que les conditions sont bonnes et que les vacances s’annonçaient prometteuses pour l’économie du territoire. Aujourd’hui, la clientèle de proximité qui pourrait venir à la journée ne le fait pas. On a une activité en deçà de l’an dernier sur la même semaine. On est passé de 6 500 skieurs à Peyragudes le premier week-end à 3 500 le second. Les autocaristes nous appellent pour savoir s’ils pourront passer. Aujourd’hui, les différents points rajoutent une trentaine de minutes de trajet. Les clients acceptent et comprennent. Mais ce week-end ça pourrait vite faire deux ou trois heures de plus.
Avez-vous fait remonter vos inquiétudes comme les manifestants vous y invitaient ?
Bien sûr. Il faut juste qu’on nous laisse travailler. Des contacts ont été pris dès ce week-end par les représentants de DSF, les élus de l’ANEM, le président du conseil départemental auprès de l’Elysée, des ministères… Nous sommes hypermobilisés pour que l’État trouve une solution pour une sortie par le haut. Il ne faut pas rajouter de la difficulté au péril économique auquel sont confrontées certaines stations. Et nous partageons les combats des agriculteurs qui contribuent à notre écosystème montagnard, notamment sur les retenues d’eau et la réglementation.

