La crise autour de l’aéroport de Castres-Mazamet s’intensifie. Pascal Bugis démissionne de la présidence du syndicat mixte. En cause, un bras de fer entre l’Etat et les collectivités locales au sujet du financement des travaux.
“C’est clairement une opération anti-aéroport de Castres-Mazamet”. Partagé entre colère et incompréhension, Pascal Bugis a annoncé sa démission fracassante de la présidence du syndicat mixte de l’aéroport sud-tarnais. Et s’il claque la porte, c’est parce que le Département et la Région, les principaux financeurs avec la communauté d’agglomération de Castres-Mazamet de la plate-forme aéroportuaire, ont voté contre leur participation aux travaux de mise aux normes de l’aéroport lors d’un comité syndical qui s’est tenu ce mardi 16 décembre. “Des travaux indispensables à la survie de l’aéroport qui correspondent ni plus ni moins aux attentes de la direction de la sécurité de l’aviation civile (DSAC)”, explique pourtant Pascal Bugis.

“Je ne peux pas cautionner ce choix délibéré de planter l’aéroport”, continue Pascal Bugis, également maire de Castres et président de l’agglo qui avait validé pour sa part sa participation au financement de ces travaux qui comprennent essentiellement la réfection de la bande de roulement de la piste et la rénovation du balisage. Un entretien classique de cet aéroport datant de 1989 qui avait été trop longtemps “différé” et “indispensable” à l’homologation des vols.
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Le coût des travaux est estimé à 7 millions d’€. “La chambre de commerce et d’industrie qui gère la plate-forme avait provisionné 1,5 million d’€. Il restait donc 5,5 millions à se partager en trois. Avec un emprunt sur 30 ans, cela représentait 100 000 € par an pour chaque collectivité, détaille le président démissionnaire. Comment le Département va expliquer qu’il n’est pas capable d’investir cette somme dans la seule plate-forme aéroportuaire du Tarn contrairement à l’Aude et l’Aveyron qui soutiennent leur aéroport de Carcassonne et Rodez. Et comment la Région n’est pas capable d’investir 2 millions d’€ à Castres alors qu’elle en investit 16 à Carcassonne ?”.
“Une stratégie illisible”
“Sans leur réalisation, non seulement la ligne commerciale Castres-Paris est condamnée, mais c’est à court terme toutes les activités de l’aéroport, y compris les applications militaires, qui sont menacées”, ajoute Pascal Bugis qui se pose même la question de la pérennité du 8e RPIMa à Castres.
Pour Pascal Bugis, ce “coup d’arrêt signe l’arrêt de mort de l’aéroport de Castres-Mazamet”. “C’est une stratégie illisible et un mauvais calcul”, fustige l’élu qui affirme qu’il fallait décider ces travaux avant la fin de cette année pour pouvoir les réaliser l’été prochain “pour satisfaire aux préoccupations environnementales et de la DSAC”.
Des arguments que conteste catégoriquement le Département du Tarn, qui clarifie sa position dans un communiqué. “Contrairement à ce qui a pu être avancé, il n’y avait pas d’urgence absolue à décider. Un régime de fonctionnement dérogatoire est possible, comme à l’aéroport de Carcassonne. Il était donc légitime de prendre le temps nécessaire pour obtenir l’ensemble des engagements, en particulier ceux de l’État, explique Christophe Ramond qui entend obtenir de Paris qu’il mette aussi la main à la poche.
“Aucune confirmation n’existe à ce stade sur la participation financière de l’État, alors même que cet aéroport est utilisé par le 8ᵉ RPIMa. Cet enjeu stratégique ne peut être ignoré”, souligne le président du Département, qui assure rester “mobilisé pour défendre l’avenir de l’aéroport de Castres-Mazamet avec détermination et sens des responsabilités”.
La Région est sur la même ligne de “prudence” par rapport aux engagements de l’État à la fois sur la ligne Castres-Paris et aussi sur ces travaux. “L’aéroport remplit avant tout une mission à caractère militaire, relevant de la compétence de l’État. L’absence actuelle de garanties sur sa participation au financement des travaux renforce la nécessité d’une approche mesurée et responsable” indique la Région.
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Un scénario auquel ne croit pas Pascal Bugis, qui affirme que “l’État n’intervient jamais dans l’entretien des aéroports”. En attendant, les nuages s’amoncellent au-dessus de l’aéroport sud-tarnais, qui se félicitait, il y a encore quelques jours, du renouvellement de la ligne Castres-Paris pour les trois prochaines années.

