Ce mercredi les manifestants ont décidé de faire monter la pression d’un cran et de quelques hectomètres d’altitude, ciblant la route des stations. Un premier barrage, filtrant, doit être installé ce jeudi matin à Arreau.
Dans la nuit qui enveloppe le rond-point de l’échangeur de Séméac, juste au-dessus de Sylvain Arberet et Samuel Marguet, les porte-paroles de la Coordination rurale 65 et de la Confédération paysanne, trône le panneau “route des Pyrénées”. Un chemin tout désigné puisqu’hier, les deux syndicats agricoles, ont choisi de faire monter la pression de quelques hectomètres d’altitude, en ciblant la route des stations, avec la mise en place d’un premier barrage, filtrant jusqu’à vendredi soir, à Arreau.
L’issue d’une nouvelle après-midi de tractation et d’échanges entre les quatre syndicats agricoles unis jusqu’ici et qui n’ont donc pas tous suivi le même chemin, JA65 et FDSEA 65 préférant camper sur les blocages actuels au niveau de l’A64 et de la RD935 vers Bordeaux. “On cible pour l’instant une des trois vallées, avec des barrages filtrants pour l’instant, de la communication, des banderoles, avant de bloquer totalement l’accès si les annonces du premier ministre ne sont pas à la hauteur, notamment sur la fin de l’abattage systématique, a précisé Sylvain Arberet. Certes, on touche à l’économie du département, c’est triste d’en arriver là. On ne bloque pas totalement encore. Ça montre qu’on est encore dans la négociation. On espère une bonne nouvelle d’ici samedi.”

Et l’éleveur de préciser : “On a bloqué l’A64, ça n’a pas bougé. On a mis plus de 100 tracteurs dans les rues de Tarbes, ça n’a pas bougé. Pour l’instant, on tient les troupes, mais jusqu’à quand. Les directeurs de station sont inquiets. Il y a aussi des agriculteurs qui travaillent en station. Mais on doit tous être solidaires. On ne peut pas se laisser tuer nos élevages. On ne veut pas se mettre l’opinion publique à dos. Mais on n’a pas d’autres moyens de pression. Maintenant que les professionnels du tourisme fassent remonter leurs craintes à l’Elysée et aux décideurs. Nous, nos vacances et nos fêtes seront ici, pour notre métier et loin des nôtres.”
Un nouveau mode d’action approuvé par Samuel Marguet, le leader de la Confédération paysanne. “On monte d’un cran pour montrer notre détermination, même après quatre jours de mobilisation. Les gens ont des choses à défendre. Bien sûr il y a la crise de la DNC mais au-delà, c’est la relocalisation de la filière. En France, on produit autant de viande qu’on en consomme. Il suffit d’organiser la filière pour qu’on engraisse ici afin de limiter les déplacements et être autosuffisant. On a assez de céréales dans le nord du département pour s’organiser à l’échelle locale. On peut avoir des bœufs gras qui passent plusieurs années en montagne. Ça n’a rien d’utopique. Ça s’organise. C’est de ça qu’on discute entre syndicats. Ça va au-delà de la DNC et de cette crise. On a besoin d’outils qui fonctionnent, de lisibilité, de solutions…”

Les syndicats ont réclamé une table ronde avec les parlementaires, le conseil départemental et Matignon. Dans l’attente, c’est sur la route des stations que les éleveurs vont pousser leurs cornes, promettant des ralentissements dès ce jeudi matin en vallées d’Aure et du Louron. “Mardi on était tous d’accord pour ce blocage, aujourd’hui nous ne sommes que deux syndicats, a regretté Christophe Gaillat, de la CR65. En période de crise, on doit tous faire des efforts. Aujourd’hui, c’est toute une filière qui est en danger. On ne veut pas embêter les citoyens mais est-ce qu’ils se soucient qu’on n’ait que 500 € en poche par mois ou qu’on n’ait pas de vacances ? Est-ce qu’ils veulent bien manger et sainement ou faire du ski ?” Ce mercredi soir, la détermination des éleveurs était intacte, prêts pour une transhumance vindicative.

