Neuf ans après sa création à Auch, la société EQO, spécialisée dans l’optimisation de l’eau pour l’agriculture, rejoint un grand groupe agricole. Un tournant stratégique qui assure l’ancrage local et le développement de la société.
Depuis le 4 juillet, la société EQO, créée en 2016 par Audrey Duran et Bernard Bourde, a rejoint le groupe Advitam (basé dans les Hauts-de-France) via sa filiale Verhaeghe Irrigation. Spécialisée dans l’optimisation de l’eau pour un usage agricole, l’entreprise a su convaincre grâce à ses solutions innovantes. Entretien avec sa cofondatrice.
Comment est née l’aventure EQO ?
Nous avons démarré il y a neuf ans. Au début, nous sous-traitions la fabrication de nos machines, mais face à la demande, en 2019, nous avons créé notre propre atelier à Auch pour maîtriser la production. Depuis, plus de 230 machines ont été installées en France, mais aussi au Portugal, en Belgique et même au Québec. Aujourd’hui, EQO réalise un chiffre d’affaires de 1 M€ avec une équipe de 8 collaborateurs.
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Quelle est la spécificité de vos solutions ?
Notre module EQO optimise l’eau utilisée pour la pulvérisation agricole. Ce qui améliore l’efficacité des produits phytosanitaires tout en réduisant leur usage. L’agriculteur bénéficie ainsi d’un outil à la fois économique et plus respectueux de l’environnement. L’eau est le véhicule de tout traitement, et son importance va croître encore avec l’arrivée des biostimulants, biocontrôles, comme les bactéries fixatrices d’azote, qui nécessitent des conditions très précises pour être efficaces.
Pourquoi avoir choisi d’intégrer Advitam ?
Jusqu’ici, nous avons tout autofinancé grâce aux ventes. Mais ce modèle a ses limites : un parc de 230 machines suppose un besoin croissant en techniciens pour l’installation et le SAV, et en commerciaux pour développer de nouveaux territoires. Nos solutions intéressaient déjà beaucoup d’exploitations clientes d’Advitam. Nous avions besoin de moyens financiers et humains pour passer un cap, déployer notre offre ailleurs, dans le Sud-Est, en Bretagne, ou à l’international. L’intégration dans Verhaeghe Irrigation nous permet de rester nous-mêmes tout en bénéficiant de l’appui d’un grand groupe.
Cela ne signifie-t-il pas une perte d’indépendance ?
Nous gardons notre site de production à Auch, et les emplois locaux. Nous restons EQO, mais associés à Advitam. Mon associé et moi sommes devenus salariés du groupe : je suis directrice opérationnelle et financière, lui directeur commercial, sous l’égide de Verhaeghe Irrigation. Notre objectif est de doubler le chiffre d’affaires d’ici 3 ans. Nous recrutons déjà de nouveaux commerciaux pour accélérer.
Quels projets préparez-vous ?
Nous travaillons sur un procédé de désherbage à l’eau performante et chauffée, alternative au glyphosate, utilisable en agriculture biologique comme conventionnelle. Mais l’industrialisation nécessite des moyens que nous n’avions pas seuls. Avec Advitam, ce type d’innovation peut enfin voir le jour.
Comment percevez-vous l’évolution des besoins agricoles ?
Les agriculteurs n’attendent pas la réglementation pour réduire leurs intrants. Ils y sont poussés par le coût croissant des phytos, la réduction des molécules actives utilisables et la nécessité de préserver les sols. Depuis 9 ans, nous constatons un virage clair : il faut produire autrement, avec plus de précision et moins d’impact. L’eau est au cœur de cette transition. Elle n’est plus un simple support, mais un outil stratégique pour l’efficacité des traitements et la santé des cultures.