December 18, 2025

Dermatose et Mercosur : l’exécutif fragilisé par une défiance persistante de l’opinion et une crise agricole qui se durcit

l’essentiel
Le dernier sondage Elabe pour BFMTV, publié ce mercredi soir, dresse un constat sévère pour l’exécutif. Sur la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) comme sur l’accord UE-Mercosur, les Français soutiennent largement les agriculteurs, doutent des choix de l’État et expriment une défiance marquée à l’égard du pouvoir politique, de la ministre de l’Agriculture au président de la République.

La gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) place le gouvernement sous une pression politique et sociale durable. Face à cette épizootie bovine, les Français accordent une confiance massive aux acteurs de terrain : 85 % font confiance aux vétérinaires et 84 % aux agriculteurs. Les scientifiques bénéficient également d’un socle solide de crédibilité (73 %), tandis que les syndicats agricoles recueillent la confiance de 63 % des personnes interrogées. À l’inverse, la légitimité institutionnelle apparaît nettement plus fragile. Les autorités sanitaires ne convainquent que 56 % des Français et la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, ne recueille la confiance que de 34 % de l’opinion.

Ce déséquilibre traverse les clivages politiques. Si les électeurs d’Ensemble accordent une confiance majoritaire, mais imparfaite, à la ministre (59 %), celle-ci reste minoritaire dans tous les autres électorats, atteignant un point bas chez les électeurs du RN (15 %). La défiance envers les autorités sanitaires est particulièrement marquée dans cet électorat, où elle devient également minoritaire.

Le gouvernement a trop tardé à agir pour une majorité de Français

L’annonce d’une campagne de vaccination accélérée, portant sur 750 000 bovins et visant notamment les 1 000 exploitations de l’Ariège d’ici la fin de l’année, n’a pas inversé le jugement de l’opinion. Près de trois Français sur quatre (72 %) estiment que le gouvernement a trop tardé à agir. Cette critique est transversale et s’exprime y compris chez les électeurs de la majorité présidentielle.

La stratégie sanitaire de l’État, fondée notamment sur l’abattage systématique des troupeaux dès le premier cas détecté, divise profondément. La moitié des Français la juge excessive, contre 36 % qui la considèrent proportionnée. Ce sentiment d’excès est dominant dans les communes rurales et atteint des niveaux très élevés chez les électeurs du RN. À l’inverse, les électeurs d’Ensemble sont les seuls à juger majoritairement cette stratégie proportionnée.

Les mobilisations agricoles largement soutenues

Malgré ces divergences, les mobilisations agricoles bénéficient d’un capital de sympathie exceptionnel. Trois quarts des Français approuvent les actions syndicales contre la stratégie sanitaire de l’État, y compris parmi ceux qui soutiennent pourtant l’abattage systématique.

Les blocages d’axes routiers, plus clivants, sont néanmoins approuvés par 58 % de l’opinion, révélant un soutien social toujours solide au monde agricole.

Opposition massive des Français sur l’accord UE-Mercosur

Cette dynamique se retrouve, avec une intensité comparable, dans le débat sur l’accord de libre-échange UE-Mercosur. L’opposition reste très majoritaire : 70 % des Français s’y déclarent hostiles, même si ce rejet recule de six points par rapport à l’automne 2024. Tous les électorats partagent cette opposition, du RN à Ensemble, mais le clivage principal est générationnel. Les 18-34 ans sont majoritairement favorables à l’accord, tandis que les plus de 35 ans y sont massivement opposés.

Comme sur la DNC, les syndicats agricoles bénéficient d’un large soutien. 77 % des Français approuvent les mobilisations contre le Mercosur, y compris parmi les personnes favorables à l’accord. Cette adhésion est particulièrement forte dans les communes rurales.

Enfin, le sondage souligne une défiance croissante envers l’exécutif au plus haut niveau. Près de trois Français sur quatre ne font pas confiance à Emmanuel Macron pour renégocier un accord plus favorable à l’agriculture française, une défiance en hausse sur un an. Seuls les électeurs d’Ensemble continuent de lui accorder une confiance majoritaire, confirmant l’isolement politique du chef de l’État sur ce dossier agricole central.

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