La désertification commerciale gagne du terrain dans la galerie O Castel, à Castelnaudary, où les vitrines vides sont de plus en plus nombreuses.
Sur l’enceinte de la zone commerciale O Castel, située aux abords du centre-ville de Castelnaudary, plusieurs noms d’enseignes sont affichés : Bouygues Telecom, Julien d’Orcel, Pimkie, Excel Coiffure… Pourtant, dès l’entrée dans la galerie marchande, le contraste frappe immédiatement. Rideaux métalliques baissés, vitrines vides : les boutiques ferment les unes après les autres, laissant derrière elles un amer sentiment d’abandon.
Dernier en date, le bar O Copains, qui avait pourtant ouvert en février 2024, vient de mettre la clé sous la porte. Avant lui, d’autres commerces ont tiré leur révérence : le studio de photographie Bouchard, qui s’est installé à Bram au début du mois de juillet, la boutique de lunettes Ana Hickmann, ou encore les enseignes de prêt-à-porter Pimkie et Devred. Côté galerie, les passants sont rares, malgré le ballet incessant des clients de l’Intermarché.
“Ce n’est plus l’esprit d’une galerie marchande”
Lucie Maillet, manageuse d’Excel Coiffure, ne cache pas son découragement. “Cela me démoralise complètement. Déjà à mon arrivée, en 2017, plusieurs boutiques ont fermé et les cellules n’ont jamais été reprises. On peut venir dans la galerie à n’importe quelle heure de la journée, il n’y a jamais personne. Ce n’est pas attirant, ce n’est plus l’esprit d’une galerie marchande qu’on connaissait quelques années en arrière “, confie-t-elle. Ce constat est partagé par sa clientèle. “Les gens nous le disent tout le temps, c’est triste. Ils sont déçus, surtout quand ce sont des commerces qu’ils appréciaient”, souligne la commerçante.
Pour Doriant Taderent, responsable de Yes Store, la baisse de fréquentation est nette. “Les gens viennent faire leurs courses et repartent aussitôt. Ils ne prennent plus le temps de se balader dans la galerie. Beaucoup préfèrent se rendre à Carcassonne ou à Labège, ou tout simplement commander en ligne”, expose-t-il. Même analyse du côté d’un autre commerçant, qui préfère rester anonyme : “Aujourd’hui, avoir un magasin, ce n’est plus viable. Les clients hésitent, ils achètent de moins en moins ou sur Internet. C’est pour cela que les magasins ferment les uns derrière les autres”. Il renchérit : “Il y a de moins en moins de vacanciers, bien moins que les années précédentes. Au début, il y avait du monde, même le samedi. Le mois d’août, c’était un bon mois”.
Des causes multiples à la désertification commerciale
Plusieurs facteurs se conjuguent pour expliquer cette désertification commerciale. Certains commerçants pointent des loyers trop élevés, difficilement compatibles avec une baisse de chiffre d’affaires. D’autres avancent le manque d’animations dans la galerie, ou encore une offre commerciale jugée peu attrayante. “Pimkie, par exemple, attirait du monde. Mais seule, cela ne suffit pas, cela décourage les clients de venir”, expose une commerçante.
À cela s’ajoute un autre facteur non négligeable : la crise profonde que traverse actuellement le secteur du prêt-à-porter. Sur leur vitrine désormais vide, Devred a laissé une note à destination de sa fidèle clientèle : “Vous n’êtes pas sans savoir la période difficile que traverse l’activité du prêt-à-porter en ce moment. De ce fait, et totalement indépendant de notre volonté, l’enseigne n’a pas souhaité renouveler le contrat d’affiliation qui nous liait à notre grand regret. Nous sommes la mort dans l’âme contraints de fermer définitivement notre boutique”.
Cette situation de désertification commerciale n’est pas propre à Castelnaudary : elle s’inscrit dans une tendance nationale. Selon des données avancées par la Banque des Territoires, en matière de vacance, le taux a connu une hausse en 2024, passant de 9,73 % à 10,64 % par rapport à 2023. Cette augmentation est particulièrement marquée dans les rues commerçantes et les centres commerciaux, et, dans une moindre mesure, dans les zones commerciales. Lucie Maillet renchérit : “Plusieurs galeries se trouvent dans la même situation, ce n’est pas propre à ici”. Henri et Marie-Paule, habitués du centre commercial, abondent dans ce sens : “Ce n’est pas qu’ici, c’est partout pareil”.
Des commerçants qui résistent
Certaines enseignes tirent malgré tout leur épingle du jeu. Excel Coiffure, par exemple, peut compter sur une fidèle clientèle. “On a surtout construit notre clientèle par le bouche-à-oreille. On n’est pas forcément impactés par les fermetures des autres boutiques”, se félicite Lucie Maillet.
Reste que, pour certains commerçants, l’effet domino des fermetures successives est bien réel. “Avant, il y avait trois magasins de vêtements. Depuis, ils ont fermé. Le monde attire le monde. Quand il n’y a plus de boutiques, il n’y a plus de clients”, soupire l’un d’entre eux. Contactée, la direction de la galerie marchande et de l’Intermarché n’a pas encore répondu. L’ouverture d’une boutique Orange redonne néanmoins un mince espoir aux commerçants.