December 13, 2025

Dermatose nodulaire : "Nous sommes plus unis que jamais" : une intersyndicale inédite pour bloquer les bretelles d’autoroute

l’essentiel
Confrontés à une nouvelle crise avec la DNC, les agriculteurs des Hautes-Pyrénées ont trouvé un terrain d’entente pour réclamer un assouplissement du protocole, la fin des abattages généralisés et une vaccination massive. Ils ont déversé leur colère et entendent bloquer plusieurs jours l’accès à l’autoroute.

De la Confédération paysanne à la Coordination rurale, en passant par la FDSEA, les JA et même la récente UPL (Union des paysans libres). Autant de courants syndicaux divers qui ont trouvé ce vendredi un point de convergence face à la crise qui ébranle l’élevage et l’agriculture départementale.

Les délégués des différents syndicats ont pris la parole sur la place du Foirail devant les nombreux agriculteurs.
Les délégués des différents syndicats ont pris la parole sur la place du Foirail devant les nombreux agriculteurs.
DDM – BASTIEN ARBERET
Les tracteurs ont défilé au cœur de Tarbes, comme ici place Verdun.
Les tracteurs ont défilé au cœur de Tarbes, comme ici place Verdun.
DDM – BASTIEN ARBERET

Pourtant, les désaccords et les tensions étaient nombreux en début d’après-midi, lorsque les agriculteurs présents sur la ferme de Luby-Betmont où les autorités ont procédé à l’abattage de vingt bovins, ont convergé vers le siège de la chambre d’Agriculture, place du Foirail. Des échanges vifs, avec le président Fourcade notamment qui a “regretté des mots malheureux”. “L’État ne veut rien entendre” martelait un éleveur. “Il nous faut mettre en place des idées pour un protocole avec un abattage progressif, avec des conditions, plaidait Jérôme Fourquet, élu à la chambre qui a rappelé qu’un courrier avait été adressé début octobre à la ministre pour réclamer une vaccination généralisée. Il faut qu’elle soit effective désormais.”

Vifs échanges en début d’après-midi sur la place du Foirail entre agriculteurs et élus de la chambre.
Vifs échanges en début d’après-midi sur la place du Foirail entre agriculteurs et élus de la chambre.
DDM – BASTIEN ARBERET

“Mes bêtes, c’est ma vie”

Une vaccination qui, sur le seul périmètre de la zone de surveillance de 50 km autour de Luby-Betmont, représente pas moins de 90 000 bêtes à vacciner. “Tout doit être mis en place, avec des moyens humains, pour lancer cette vaccination début de semaine prochaine” plaide-t-on à la chambre. Une campagne qui arrive trop tard pour nombre d’éleveurs. “On vous a alarmé depuis des mois et vous avez fermé les yeux ? Vous ne pensiez pas que ça arriverait…” se plaint l’un d’eux. Beaucoup regrettent qu’on n’ait pas testé et isolé des élevages touchés, pour voir l’évolution de ce virus, alors que de nouvelles suspicions se sont fait jour. “On préfère décimer les troupeaux. Mais, mes bêtes, c’est ma vie” regrette un autre. Présent jeudi en Ariège et dès l’aube à Luby-Betmont, Eric et sa fille Mélanie défendent leur métier et la peau de leurs gasconnes. “On ne veut plus que des vaches crèvent pour rien. Ça nous fait bondir. On n’a plus le droit de rentrer nos vaches, de sortir le fumier, mais on fait quoi ? On les laisse crever quand on ne vient pas les tuer ? Bien sûr il faut arrêter cette maladie, pour ça, on aurait dû vacciner bien avant. Ça fait des mois qu’on attend. Surtout, il ne faut abattre que les bêtes positives.”

Les manifestants devant la cité administrative vendredi soir.
Les manifestants devant la cité administrative vendredi soir.
DDM – BASTIEN ARBERET

Blocus des accès à l’autoroute

Finalement, des délégués de chaque syndicat se sont retrouvés autour de la table pour faire évoluer le protocole de lutte actuel. À l’issue, ce texte a été présenté au préfet qui a assuré les représentants de le faire suivre à la ministre. “Nous sommes unis comme nous ne l’avons jamais été, ont expliqué les représentants et le président de la chambre à la sortie de leur entretien. On est tous d’accord : il faut arrêter les abattages généralisés et systématiques. Nous demandons un assouplissement des protocoles, avec des analyses pour n’abattre que les animaux positifs, une vaccination massive une surveillance vétérinaire renforcée et une lutte intensifiée contre les vecteurs. Nous allons maintenir la pression et répéter partout ces demandes, jusqu’à ce que la ministre cède.”

Les manifestants devant la cité administrative vendredi soir.
Les manifestants devant la cité administrative vendredi soir.
DDM – BASTIEN ARBERET

Pour ce faire, les agriculteurs ont déversé lisier et fumier sur la cité administrative et la direction des services vétérinaires. Une partie seulement, le reste étant disposé autour des échangeurs d’autoroute tarbais. Une A64 que les agriculteurs de tous bords entendent bloquer pour plusieurs jours, d’abord au niveau des échangeurs de Tarbes depuis ce vendredi soir, puis des autres. « Si cette union syndicale est une première, ça veut bien dire que c’est grave » pointait, lucide, l’un d’eux.

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