December 13, 2025

Dermatose nodulaire. "On bouche la route qui mène au Pas de la Case, le plus longtemps possible" : la colère paysanne continue de gronder

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La colère paysanne se poursuit en Ariège. Des agriculteurs bloquent ce vendredi 12 décembre 2025, soir, la route nationale 20 à Tarascon-sur-Ariège, protestant contre l’abattage massif de bétail. Ils annoncent faire durer la mobilisation “le plus longtemps possible”.

Après plusieurs jours de tensions, le calme est revenu à Bordes-sur-Arize, en Ariège. Mais la colère du monde agricole s’est déplacée. Ce vendredi 12 décembre, depuis 18 heures, une centaine d’agriculteurs ont afflué vers la commune de Tarascon-sur-Ariège, bloquant la route nationale 20 au niveau du rond-point de Sabart, paralysant presque totalement l’axe menant vers l’Andorre.

Cette action s’inscrit dans la continuité des mobilisations menées plus tôt dans la journée à Pamiers par les élèves du lycée agricole. Ces derniers protestaient contre l’abattage, entamé au petit matin, des 207 vaches du GAEC de Mouriscou, une décision qui continue de susciter une vive indignation dans la profession.

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Les élèves mobilisés

Ainsi, plusieurs élèves se sont installés, dès le matin, sur les ronds-points de Pamiers, d’abord côté sud, puis côté nord. Ils ont investi le cœur du rond-point de Gabriétat, y installant de nombreuses banderoles et organisant un barrage filtrant pour distribuer un simple tract demandant l’arrêt des abattages. “Abattre tout l’élevage pour une seule bête malade, ça me choque”, confie Corentin, un second élève. “C’est le travail de plusieurs générations, c’est une honte”, ajoute-t-il. Le jeune homme, fils d’éleveur, vit à une vingtaine de kilomètres de Bordes : “Nous allons être obligés de vacciner, et si une bête réagit au vaccin, tout le troupeau va être abattu, c’est inadmissible”.

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En milieu de journée, ils ont été rejoints par un groupe d’agriculteurs de la Coordination rurale, arrivés avec des tracteurs qui tiraient de lourdes remorques, chargées à bloc. “C’est purement symbolique”, tempérait Sébastien Durand, président de la CR09. “Nous sommes ici pour soutenir l’action des lycéens, qui est exemplaire. C’est notre relève. J’espère que cet exemple sera suivi ailleurs. C’est magnifique, ce qu’ils font”. Un soutien pour épauler ce mouvement de protestation, mais sans action d’éclat : les bennes ne vont pas être déchargées sur la chaussée, expliquait-il, les traits tirés après quatre jours passés à Bordes-sur-Arize.

Au tour de Tarascon

En effet, elles le seront quelques heures plus tard au rond-point de Sabart à Tarascon. Sur place, tracteurs et camions bennes ont été positionnés sur les principaux accès routiers. Plusieurs tonnes de lisier et de fumier ont également été déversées sur la chaussée, rendant la circulation impossible. La préfecture de l’Ariège a confirmé la situation dans un communiqué : “Dans la continuité de la mobilisation agricole en cours, la circulation est interrompue sur la RN20 au niveau du rond-point de Sabart à Tarascon-sur-Ariège en raison d’un rassemblement d’agriculteurs.”

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Malgré la fatigue, la détermination reste intacte. “Fatigués mais toujours présents”, lance un agriculteur au milieu de la foule, tandis qu’une épaisse fumée blanche s’élève de bottes de foin enflammées.

“Le plus longtemps possible”

À la tête de la Coordination rurale en Ariège, Sébastien Durand ne cache pas sa colère. “Là, on bouche la route qui mène au Pas de la Case, le plus longtemps possible. Si on se prend une charge comme celle d’hier soir, qui était une honte, alors qu’on ne demande qu’à travailler, il sera facile de nous déloger. Avec les bombes lacrymogènes et les hélicoptères, ça ne sera pas dur”, s’indigne-t-il.

La veille, plusieurs face-à-face tendus entre forces de l’ordre et agriculteurs ont rythmé la nuit. “On se battait depuis le début pour une vaccination massive qu’on nous a refusée et finalement aujourd’hui la ministre finit par dire oui… Désormais, nous avons un seul objectif, arrêter l’abattage total. On ne dit pas qu’il ne faut pas abattre, mais il faut qu’il soit ciblé”, martèle encore Sébastien Durand.

“La fin de l’abattage total”

Vers 21 heures, près de 150 agriculteurs étaient rassemblés sur le site. “Face à la politique sanitaire inhumaine et la répression : la fin de l’abattage total, c’est aujourd’hui”, clame la Confédération paysanne qui s’est jointe au blocage.

Le maire de Tarascon-sur-Ariège, Alain Sutra, est également venu à la rencontre des manifestants. “Ma présence est avant tout un geste de solidarité envers tous les éleveurs. Je sais tout ce que nous leur devons sur ce territoire. Je pense que notre présence est indispensable pour montrer que les élus ne sont pas indifférents. C’est une situation terrible que de voir des animaux tués de cette manière”, a déclaré l’édile.

Un rassemblement qui devrait durer toute la nuit…

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