December 20, 2025

"À ce prix-là, on regarde l’avion" : les voyageurs de la ligne Cahors-Paris en colère face au prix des trains à l’approche des fêtes

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Trains bondés, retards à répétition et billets jugés à des prix exorbitants : à l’approche de Noël, de nombreux Lotois dénoncent les difficultés pour rejoindre Paris depuis Cahors sur la ligne POLT. Les usagers racontent un trajet devenu un véritable parcours du combattant.

Chaque année, à l’approche de Noël, la même angoisse ressurgit pour de nombreux Lotois : comment rejoindre Paris en train sans exploser le budget ni subir une énième galère sur la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT) ? À la gare de Cahors, la question revient inlassablement dans les esprits.

“Pour cinq billets aller-retour, on dépasse souvent plusieurs centaines d’euros”

Comme chaque mois de décembre, Claire et Julien, tous deux quadragénaires, prennent le train avec leurs trois enfants pour rejoindre leur famille en région parisienne. “On s’y prend très tôt, parfois dès octobre, sinon c’est mission impossible”, raconte Claire. Entre les places qui disparaissent rapidement et les tarifs qui flambent, le trajet vire au casse-tête. “Pour cinq billets aller-retour, on dépasse souvent plusieurs centaines d’euros quand on les prend tard. À ce prix-là, on a déjà regardé l’avion depuis Brive… et parfois c’est moins cher.”

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À cela s’ajoutent les aléas du trajet. “Retards, correspondances manquées, trains bondés… avec trois enfants, c’est épuisant. On se demande chaque année pourquoi on continue à prendre le train, mais on n’a pas vraiment d’alternative depuis Cahors.” confie Julien.

1,9 milliard d’euros seront investis à horizon 2027 pour l’amélioration de l’infrastructure ferroviaire de la ligne POLT.
1,9 milliard d’euros seront investis à horizon 2027 pour l’amélioration de l’infrastructure ferroviaire de la ligne POLT.
DDM – MARC SALVET

Même constat pour Lucas, 27 ans, jeune actif dans le commerce, qui emprunte régulièrement la ligne POLT jusqu’à Vierzon. “Pendant les fêtes, c’est encore pire. Les trains sont pleins, parfois supprimés, et les prix explosent. Un billet Cahors-Vierzon peut coûter plus de 100 euros.” Lui aussi compare souvent avec l’aérien. “Quand on voit qu’un Toulouse-Paris en avion peut coûter bien moins cher avec des compagnies low-coast, on se sent un peu abandonnés. C’est compliqué de penser à éviter de prendre l’avion par conscience écologique quand on voit une telle différence de prix”.

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La SNCF assure que “les travaux massifs de renouvellement de l’infrastructure menés sur le reseau au nord d’Orléans s’interrompent pendant la période des vacances de fin d’année : l’offre proposée est donc normale sur la ligne de jour POLT”, avec 10 trains par jour (5 dans chaque sens) desservant du lundi au samedi les gares lotoises de Souillac, Gourdon et Cahors. 8 trains desservent ces gares les dimanches.

“On adore le train, mais là, c’est devenu un luxe”

Sur le plan tarifaire, la grogne des usagers a fini par remonter jusqu’au ministère des Transports. Philippe Tabarot a récemment annoncé le gel des tarifs pour 2026 sur les lignes Paris-Orléans-Limoges-Toulouse et Paris-Clermont-Ferrand. Une décision motivée par une qualité de service jugée “très dégradée”, alors que les nouvelles rames Oxygène ne sont attendues qu’en 2027. Ce gel concernera 2,8 millions d’usagers annuels de la ligne POLT et s’accompagne d’investissements massifs : 1,9 milliard d’euros d’ici 2027 pour moderniser l’infrastructure, ainsi qu’un renforcement de la maintenance et des équipes d’ingénierie.

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Pour Jean-Marc Vayssouze-Faure, président de l’association Urgence Ligne POLT, cette annonce reste insuffisante. “C’est un premier pas, mais le minimum que l’État puisse faire”, estime-t-il, pointant les retards, suppressions de trains et interruptions liées aux travaux. L’association réclame une véritable baisse tarifaire pendant toute la durée du chantier, afin de compenser les désagréments subis par les voyageurs.

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En attendant des améliorations, les Lotois abordent une nouvelle fois les fêtes avec résignation. “On adore le train, mais là, c’est devenu un luxe”, soupire Julien. Un sentiment largement partagé sur une ligne essentielle à l’aménagement du territoire… mais dont les usagers peinent encore à voir les bénéfices.

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