December 12, 2025

ENTRETIEN. Glasgow-Stade Toulousain : "Beaucoup d’inquiétude de notre part" lance Ugo Mola avant le match de Champions Cup en Écosse

l’essentiel
Performante depuis plusieurs saisons, l’équipe de Glasgow risque d’imposer un rythme effréné et un joli aux joueurs du Stade Toulousain, demain soir en Écosse lors de la deuxième journée de Champions Cup (21h00).

Vous disiez après le succès face aux Sharks que vous aviez l’esprit tourné vers Glasgow depuis un petit moment. Qu’est-ce que cette équipe a de particulier et est-ce que cela tient aussi au fait que la semaine a été courte ?

Il y a pas mal de choses cumulées, comme vous pouvez le souligner, notamment sur les deux jours de moins de récup. Mais ça, à la limite, c’est le calendrier qui veut ça, dans un moment où, normalement, les effectifs sont en mesure de pouvoir l’encaisser. Nous, on est un petit peu à flux tendu à quelques endroits, mais comme tout le monde. Glasgow, ça fait quand même deux, trois saisons qu’ils sont performants sur la scène européenne et en URC avec des derniers carrés, des quarts de finale. L’an dernier, ils ont été éliminés deux fois contre le Leinster, sinon ils sont vraiment performants dans l’ensemble des compétitions. Une troisième ligne de très haut niveau. Sur les trois championnats combinés, je pense qu’il n’y a pas une équipe qui a un plus gros temps de jeu (effectif) qu’eux. C’est l’équipe qui fait le plus de passes, qui oblige ses adversaires à plaquer le plus. On tourne entre 250 et 350 plaquages par match. Ce sont des petites stats qui valent ce qu’elles valent mais c’est surtout l’intensité et le rythme, et la capacité à exploiter les qualités qui sont les siennes. En sachant que vous avez une troisième ligne ultra mobile avec Dempsey, Darge et Fagerson qui est la troisième ligne quasi titulaire de l’équipe d’Écosse. Une charnière qui se connaît bien maintenant avec Horne et Hastings, un des meilleurs centres du monde aujourd’hui avec Tuipulotu qui, sincèrement, fait quand même des perfs de haut niveau sur la scène internationale. Donc il y a beaucoup d’inquiétude de notre part. Ce qui nous a amenés à le préparer, je l’espère, bien. Mais il y a une part d’inconnu, le terrain synthétique, le temps. On nous annonce quand même froid et vent, et pluie. Donc il y a pas mal d’incertitudes, d’interrogations, et à nous, justement, par notre préparation et notre application, de répondre à tout ça. Sur la présentation que j’ai réalisée avec mon staff à nos joueurs, aujourd’hui, si j’enlève les équipes françaises, il y a Northampton, il y a Leinster et il y a eux. Ce sont réellement des équipes qui t’amènent sur un terrain un peu différent. On va voir Bath s’ils confirment leur début de saison tonitruant en championnat, mais c’est vraiment une équipe étonnante. Donc on va se concentrer sur ce match-là. Je ne le survends pas, je crois qu’on aura fort à faire pour revenir avec des points de là-bas.

Le temps prévu est-il de nature à changer un petit peu tout ça ?

En fait, eux, ils ont la volonté vraiment de laisser le ballon sur le terrain. Évidemment, quand on joue Toulouse, on veut les priver un peu de ballon ou en tout cas éviter qu’on arrive à mettre la main sur ce ballon. Donc je m’attends à ce qu’on ait des longues séquences défensives à réaliser. Franchement, notre championnat ne nous amène pas vers ça. Je n’y peux malheureusement pas grand-chose, chacun joue comme il a envie de jouer mais c’est vrai que la préparation à ce genre de match n’est pas (il s’arrête). On va dire que notre championnat ne nous y prépare pas. La semaine dernière, il y a eu un peu de séquences un peu longues mais pas suffisamment. On a essayé de le faire cette semaine, mais avec une semaine courte, on ne peut pas non plus entamer notre énergie et notre capacité à répondre à ça. Donc c’est un match très intéressant à préparer mais un peu inquiétant.

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Quel regard portez-vous sur la surface de jeu sur laquelle vous allez évoluer ?

Le synthétique, c’est souvent un terrain accident, notamment les synthétiques d’extérieur. Il y a beaucoup de turnovers, tout ce qui va être présentation du ballon dans les rucks est amené à être compliqué. Pour vous donner un ordre d’idée, Glasgow est l’équipe qui conserve le plus de ballons sur ses rucks tout championnat confondu, donc c’est bien qu’ils l’ont travaillé, qu’ils se sont adaptés à leur terrain. Donc ils ont un petit temps d’avance évidemment sur ces conditions-là. Nous, on a essayé de se mettre en situation dans la semaine. Mais malheureusement, je râle rarement quand il fait beau, on s’est entraîné toute la semaine à 18 degrés et grand beau. Donc ce ne sont pas les conditions qui se rapprochent de ce qu’on va vivre ce week-end mais on s’adaptera, je l’espère.

Y a-t-il besoin vu le format de la compétition de rappeler l’importance de ne laisser filer aucun point dans cette phase de poules ?

Je leur répète souvent. Après, est-ce que ça l’ancre ? Est-ce que ça met tout le monde en éveil ? Je crois que oui. Je pense que tout le monde en a assez conscience. Mais ce qui est assez paradoxal dans cette formule, c’est qu’à la fois, si tu veux réellement te mettre dans les meilleures dispositions, il ne faut rien laisser tomber. Mais à la fois, tu peux peut-être te qualifier avec très peu de points aussi. Donc c’est un peu le paradoxe et peut-être ce qui trouble un peu cette compétition, c’est que c’est un peu des grands écarts permanents. Tout le monde est obsédé par les points de bonus parce qu’on sait très bien que ça compte à la fin. Pour autant, il faut gagner les matchs. Et en même temps que je vous dis ça, avec une victoire je crois, et quelques points de bonus, le Racing avec 7 points s’était qualifié il y a 2 ans ou 3 ans (8 points, NDLR). Après, on connaît le parcours du combattant quand tu te qualifies au fond du bus (sourire). Pour l’instant, on n’est pas dans les calculs, sachez-le, mais on va essayer de revenir avec des points de Glasgow, ce qui ne va pas être aisé.

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Au-delà du résultat, avez-vous aussi la volonté d’imposer votre philosophie de jeu ?

J’espère qu’on essaie de le faire souvent. Parfois, ce n’est pas toujours d’à-propos ou le dernier geste n’est pas toujours à la hauteur de ce qu’on souhaiterait. Mais ce week-end (contre les Sharks, NDLR), j’ai vu des choses très intéressantes. Et même depuis quelques semaines, j’ai la sensation que notre rugby est un peu plus en place qu’il y a quelque temps. Je ne vais pas refaire la roue de notre préparation, mais on a eu un premier bloc où il fallait qu’on se remette avec deux semaines et demie de préparation un peu en route. Donc les premiers matchs nous ont servis aussi de mise en place de notre rugby et j’ai la sensation que les matchs à domicile contre Castres, contre le Stade français, le Racing, nous ont permis un peu de mettre notre rugby en place. Ce week-end, il y avait des choses intéressantes. On a mal fini, je pense que le dernier geste n’était pas des meilleurs. Mais oui, on a toujours envie de faire valoir nos qualités. Je crois beaucoup aux identités des équipes et des clubs. Et je crois que notre identité reste de provoquer. Après, avec ou sans ballon, quand on regarde comment veut jouer ou souhaite jouer Glasgow, on sait qu’on va avoir à défendre. Mais j’ose espérer qu’ils auront aussi un peu à défendre. Et qu’on aura l’occasion de pouvoir tenir le ballon et de les mettre à mal avec notre rugby. Avec la volonté et une conviction profonde de s’éprouver avec ses armes et notre rugby. Mais ça, je pense que vous ne m’avez pas attendu pour que ce soit le cas avant et ça sera le cas je pense longtemps après moi.

Est-ce pour vous le match le plus dur de la poule ?

Les deux déplacements que l’on a sur le terrain synthétique, que ce soit à Glasgow et aux Saracens, me posent problème depuis la réception du calendrier. J’ai un très, très mauvais souvenir d’un match aux Saracens il y a quelques années, presque 10 ans maintenant. En plus, il était très particulier au regard de la période et des attentats qui avaient eu lieu la veille (au Bataclan à Paris, NDLR). On va passer un peu au révélateur, évidemment de la forme du moment, mais avec les problématiques que l’on a en termes d’effectifs, on s’attend à avoir deux rencontres difficiles à manœuvrer. Et avec un Boxing Day au milieu de trois rencontres, dont deux déplacements, un sur synthétique de plus. Donc on se fait un peu notre stage synthétique de trois matchs sur cinq. On sait que ça marque les organismes, on sait que c’est sollicitant, on sait que ce sont des terrains accidents. Donc c’est bien beau de le savoir, il faut le vivre. Donc on va essayer de s’adapter à tout ça. Mais pour revenir à Glasgow, parce que c’est ce qui m’importe là aujourd’hui et jusqu’à samedi soir, je m’attends que ce soit un des matchs les plus durs de la poule.

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Est-ce que le mois de décembre est différent à manager avec l’alternance entre championnat et Champions Cup, mais aussi les fêtes et les vacances à donner ?

Je pense qu’avec l’expérience et la connaissance de notre groupe, on essaye de le gérer au mieux. Il y a la gestion voulue et il y a la gestion subie. Ce qu’on arrive à anticiper, c’est toujours très bien, mais quand vous lâchez un Pita Ahki et que dans la foulée, vous avez trois blessures majeures au centre, vous vous dites : « pourquoi j’ai lâché Pita. » Donc ça, c’était la gestion souhaitée. Et puis celle subie, c’est vrai que ces derniers temps, sur la période, on essaie de garder un niveau constant tout en ménageant nos forces vives. On a conscience aussi que nos internationaux sont entre deux compétitions. Certains ont joué trois matchs de tournée à 80 minutes. D’autres ont connu des pépins dans ces périodes-là. Donc, on sait qu’il y a huit semaines très importantes pour le club parce qu’elles préparent un peu le printemps et les beaux jours. Et pour autant, il y a des échéances un peu différentes chez chacun. Donc, il faut qu’on arrive à gérer tout ça. C’est valable pour tout le monde sauf que nous, c’est multiplié par deux, trois, quatre, cinq, six. Et cela ne vous a pas échappé que les règles qui allaient être mises en place allaient compliquer les choses. Donc oui, quand tu as 17, 18, 19 internationaux sollicités pendant la tournée de novembre et que tu sais que tu vas en avoir tout autant pendant le Tournoi, il faut arriver à gérer ça. Mais c’est notre quotidien, on vit très bien avec ça et tant mieux pour nous si on a beaucoup d’internationaux.

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