Près de cinq cents étudiants et enseignants du lycée agricole d’Auzeville, au sud-est de Toulouse, ont organisé un blocus, vendredi 12 décembre, pour dire leur opposition à l’abattage des vaches atteintes de dermatose nodulaire.
La Haute-Garonne connaît une nouvelle vague de mobilisation agricole suite à l’abattage d’un troupeau de vaches dans l’Ariège, où un cas de Dermatose nodulaire a été détecté. Après les manifestations sur les routes et autoroutes de l’agglomération toulousaine jeudi soir, la colère des agriculteurs, soutenus par la jeunesse et les enseignants, s’est concentrée ce matin sur le lycée agricole d’Auzeville.
Hier, à l’appel de l’intersyndicale, des agriculteurs avaient bloqué certains accès près de Villefranche-de-Lauragais, Montastruc, Eurocentre ou fait des actions symboliques comme dans le centre de Saint-Gaudens.
“La mort dans le pré”

Le mouvement s’est déplacé vers le lycée agricole Auzeville, qui forme les futurs exploitants agricoles. Près de 500 étudiantes, étudiants et enseignants, la quasi-totalité de l’effectif de l’établissement, se sont rassemblés dès le matin devant l’établissement scolaire du sud-est toulousain pour exprimer leur opposition aux politiques d’abattage. “La mort est dans le pré”, “le futur est entre nos mains” peut-on lire sur les pancartes réalisées dans l’urgence par les lycéens.
Des ralentissements sur la D113
La route 113 est bloquée par alternance par les manifestants, ce qui entraîne des ralentissements de la circulation. L’action est prévue pour durer toute la journée, marquant une solidarité forte entre les professionnels du secteur et la nouvelle garde. Étudiants et professeurs du lycée affichent leur soutien total aux agriculteurs de Haute-Garonne et d’Ariège, dénonçant la décision d’euthanasier le bétail après la découverte du cas de Dermatose nodulaire. Un barrage filtrant a été mis en place aux deux entrées principales delétablissement scolaire.
“C’est une action de solidarité avec les éleveurs”
C’est le cas de Jean Ducom, apprenant du lycée général et technologique agricole des sciences vertes de Toulouse-Auzeville, qui analyse la situation : “C’est une action de solidarité pour les agriculteurs de l’Ariège qui ont subi l’abattage d’un troupeau, mais aussi contre les autres abattages que l’on a vu récemment, explique un. Je pense qu’il faut trouver d’autres solutions. L’abattage d’un cheptel n’est pas la solution, il faut trouver d’autres manières de traiter la DNC. Le vaccin est lancé comme une grande piste, mais il faut faire attention à ne pas perdre le statut indemne qui nous permet de vendre nos produits à l’export. Sans lequel on ne pourra plus vendre à l’étranger, ils nous diront que nous ne savons pas gérer la maladie. On l’avait perdu pour la filière canard, mais cela n’avait touché que la clientèle française. La piste d’abattre l’animal malade et de laisser les autres confinés pour voir comment évolue la maladie est aussi à expérimenter.”
“Les abattages systématiques sont problématiques”
“Pendant une décennie, l’éleveur a travaillé pour avoir cette exploitation. En un coup de fouet, c’est fini, il n’a plus de vies, plus de travail. Il ne sait même pas à quelle hauteur l’État va le rembourser. Il y a déjà beaucoup d’agriculteurs atteints moralement, sans compter les suicides”, s’inquiète Bastien Adan, également étudiant au lycée.
Les enseignants ont aussi leur mot à dire sur la tournure que prennent les mesures d’abattage des cheptels chez les éleveurs qui manifestent leur colère. “Les abattages systématiques me paraissent problématiques, explique Martin, professeur de sciences économiques et sociales. Cela met les éleveurs en difficulté. C’est une profession qui est actuellement sous tension, qui connaît de nombreuses difficultés de trésorerie, les négociations autour du Mercosur. Je pense qu’avec la prévention et la prophylaxie, on a les moyens de ne pas en arriver à abattre des troupeaux systématiquement”.

