December 10, 2025

RECIT. Pression paternelle, faux cambriolage, dettes… pourquoi cet héritier d'une grande maison de champagne a-t-il tué son père ?

l’essentiel
Le fils du propriétaire de la maison de champagne Vadin-Plateau comparaissait devant la cour d’assises de la Marne pour avoir tué son père en 2022. Yann Vadin, 36 ans était jugé pour “meurtre d’un ascendant” et pour “abus de confiance”.

Le 30 septembre 2022, Jean-Luc Vadin, 57 ans, est retrouvé mort à son domicile de Cumières (Marne). Le propriétaire de la maison de champagne Vadin-Plateau a été tué par arme à feu. Des traces de cambriolage sont relevées par les enquêteurs.

Dans cette affaire, le fils de la victime, Yann Vadin, 33 ans en 2022, a reconnu avoir tué son père et avoir organisé la mise en scène d’un cambriolage. Il était jugé en novembre pour “meurtre d’un ascendant” et pour “abus de confiance”.

Pression du père et mauvaise gestion

Jusqu’au drame, Jean-Luc et Yann Vadin, associés, travaillaient ensemble sur l’exploitation viticole familiale qui existe depuis 9 générations. Si l’histoire semble parfaite vue de l’extérieur, le quotidien est moins rose pour le fils. Selon France 3, l’héritier naturel disait souffrir de la “pression importante” que lui mettait son père et rencontrait “des difficultés sur la gestion de l’entreprise”. Il est perclus de dettes…

Selon les mots de la sœur de Yann, il était “l’héritier”, “l’élu” qui “devait prendre la relève de la maison de champagne”, c’était inéluctable, le trentenaire savait qu’il ne pouvait pas faire autrement… Depuis 2017, Yann Vadin est cogérant de l’exploitation. À l’approche des 60 ans, Jean-Luc sait qu’il doit préparer le passage de relais. Dans un premier temps, les témoins ont décrit la “bonne entente” entre le père et le fils malgré des “divergences” liée à la gestion du vignoble.

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Yann Vadin accumule des erreurs de gestion, parfois majeures. La veille du meurtre, le 29 septembre 2022, un contrôle est mené dans l’entreprise par un inspecteur de la répression des fraudes. L’exploitation est menacée de lourdes sanctions financières à cause de soucis de gestion. Selon nos confrères, Yann Vadin aurait très mal vécu cet épisode. “J’avais envie de prendre une corde et d’aller me pendre”, a-t-il écrit à sa compagne.

Un père en colère contre un fils qui avait “vidé les comptes”

Yann Vadin est débiteur d’un prêt immobilier d’un demi-million d’euros, propriétaire de quatre chevaux dont l’un a coûté 18 000 euros et a transféré près de 200 000 euros de la société familiale vers ses comptes personnels. Des éléments qui seront utilisés pour démontrer un mobile pécunier au meurtre qui va suivre. De plus, il a été démontré par la suite que Jean-Luc Vadin était en colère contre son fils, qui avait “vidé les comptes”.

Selon ses premières déclarations, le jour du meurtre, Yann Vadin est “arrivé très tôt” chez son père avec l’intention de se suicider avec sa propre arme à feu. Il aurait alors “croisé son père” et “tiré en sa direction”, selon lui “par accident”. Le mis en cause a reconnu avoir ensuite rechargé l’arme et tiré une seconde fois sur son père pour “abréger ses souffrances”, puis avoir organisé “le faux cambriolage”. Il était repassé chez lui avant de revenir prendre son service vers 8 h.

Lorsque les policiers d’Epernay arrivent sur place dans la foulée, ils découvrent Yann Vadin, en pleurs, en train de faire un massage cardiaque à son père qui était déjà mort. Les premières constatations laissent penser à un cambriolage ayant mal tourné. Or, le scénario est tout autre…

“C’était soit lui, soit moi”

Yann Vadin est interpellé rapidement. Dès le 5 septembre 2022, le fils prodigue est placé en garde à vue mais conteste. Il plaide l’accident et justifie les multiples coups de feu par la volonté d’abréger les souffrances de son père. Le fusil est retrouvé caché dans un tas de fumier. Le suspect n’avoue toujours pas mais est mis en examen et placé en détention provisoire.

Pression, reproches, travail… Yann Vadin s’explique un mois plus tard et reconnaît pour la première fois avoir commis un parricide et d’avoir mis en scène un cambriolage. C’était “arrivé à un point où c’était soit lui, soit moi”, a-t-il expliqué au tribunal. “Son passage à l’acte a été anticipé, bien organisé, méthodique”, a notamment expliqué l’expert psy lors du procès. Sans surprise, à la fin du mois de novembre 2025, plus de trois ans après le meurtre, l’accusé a été condamné à 25 ans d’emprisonnement par la cour d’assises de la Marne à Reims.

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