Originaire de l’Aude, l’ultratraileur Aurélien Sanchez a parcouru 240 kilomètres en 41 heures pour relier les huit Forteresses royales du Languedoc, candidates de la France pour la prochaine inscription au patrimoine mondial de l’Unesco.
Quarante et une heures et trois minutes : c’est le temps qu’il a fallu à Aurélien Sanchez pour parcourir les 240 km du tracé reliant entre elles les huit forteresses royales du Languedoc, partant de Montségur (Ariège), pour arriver à Lastours, en passant par les châteaux d’Aguilar, Montségur, Peyrepertuse, Puilaurens, Quéribus, et Termes ainsi que les forteresses de Carcassonne (toutes les sept situées dans l’Aude).
Un défi à la mesure de l’ultratraileur de 34 ans, qui les aime gargantuesques, authentiques, et sauvages. Renommé à l’international après être devenu en 2023 le premier – et toujours le seul – coureur Français à avoir remporté la mythique Barkley Marathons aux États-Unis, Aurélien Sanchez ne s’était paradoxalement jamais frotté à de longues distances chez lui, dans l’Aude. Désormais installé à Toulouse, celui qui a grandi à Belvèze-du-Razès, près de Limoux, prend plus volontiers les Pyrénées, ses paysages majestueux et son dénivelé conséquent pour terrain de jeu. Mais ce challenge-là, personne n’aurait pu l’incarner mieux que lui.
Pas d’assistance, ni d’outils électroniques pour se guider
“La particularité de ces forteresses c’est que ce sont des châteaux de crêtes, nichées en haut de montagnes qui apparaissaient, à l’époque, imprenables. C’est pour ça que le royaume de France les avait implantées ici. On voulait donc un défi de l’extrême à l’image de nos forteresses”, explique le cabinet de la présidence du Conseil départemental de l’Aude, qui a imaginé cette course pour mettre en lumière sa candidature pour l’inscription des forteresses royales du Languedoc au patrimoine mondial de l’Unesco, portée depuis 2013 et qui sera en juillet prochain le projet défendu par la France devant le comité de l’organisation internationale.
“J’ai été séduit tout de suite quand on m’a présenté le projet”, confie Aurélien Sanchez, qui a redécouvert les forteresses de son pays. C’est lui qui a dicté les règles de son aventure, qu’il a voulue sans assistance, hormis un ravitaillement à mi-parcours, à Quéribus, ni outils électroniques pour s’orienter.

Des conditions qui correspondent aussi aux valeurs que le département de l’Aude souhaite adosser à sa candidature et son développement des prochaines années : une communication sobre, et un tourisme sportif tourné vers les activités de pleine nature.
“Ça l’a fait, mais à la fin, j’étais lessivé…”
Ce tracé, encore fallait-il le courir. Parti un soir à 20 heures, Aurélien Sanchez a affronté les premiers froids mordants de novembre, le manque d’eau et de nourriture, ainsi que des douleurs tendineuses, en raison d’un parcours plus roulant que ceux auxquels il est habitué. “Ça l’a fait, mais à la fin, j’étais lessivé. Il ne fallait pas que ça soit plus long…” Arrivé vendredi peu après 13 heures, Aurélien Sanchez, 16e du Tor des Géants (330 km et 24 000 mètres de dénivelé positif dans la vallée d’Aoste) en septembre, a ajouté un autre succès à sa liste en attendant de se mesurer au Pacific Crest Trail, aux États-Unis (course de 4 240 km entre la frontière canadienne et la frontière mexicaine).
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Au passage, il a appris à connaître un peu mieux son département d’origine, et ses monuments que l’on voit souvent de loin sans jamais savoir ce qui se trouve entre leurs murs. “Chacune est unique. Mais je dois dire qu’à Puilaurens, avec la pleine lune dans le ciel, le relief autour, les ruines, il y avait vraiment de l’ambiance. C’était magnifique, presque mystique.” Le château de Puilaurens, comme les sept autres forteresses royales, pourrait en plus de tout ça devenir éternel si l’Unesco lui accorde son label.

