December 8, 2025

"Ni plante miracle ni solution toute faite" : face à la crise de la filière, les premiers pas prometteurs de la noix de pécan

l’essentiel
Le Lot explore l’introduction du pacanier, un arbre encore méconnu mais porteur d’espoirs pour diversifier les vergers et répondre au changement climatique. Entre producteurs intrigués, adaptation et débouché national, les prémices d’une filière pécan commencent à émerger. Explications.

“C’est vraiment les toutes petites prémices pour le département du Lot. Les producteurs qui vont planter seront des pionniers”, résume Roseline Teillard, technicienne arboricole. Début novembre, à la station de Creysse, une douzaine de producteurs de noix, d’éleveurs et de curieux se sont retrouvés pour une matinée d’initiation à la culture du pacanier, originaire d’Amérique du Nord, organisée par la Chambre d’agriculture du Lot. Une rencontre modeste en nombre, mais déterminante pour la possible naissance d’une filière locale.

Un seul pacanier dans le Lot

Pour l’heure, aucun verger n’existe encore dans le territoire. “Il y a des personnes intéressées, mais aucune plantation n’est encore connue pour l’instant”, poursuit-elle. À Creysse, un seul pacanier pousse depuis les années 80, mais sans produire de noix.

Cette formation s’inscrit dans les réflexions de diversification des exploitations. Les producteurs de noix, confrontés aux maladies fongiques et aux bioagresseurs, cherchent des alternatives. “On recherche des cultures qui pourraient s’adapter à l’évolution du climat”, explique Roseline Teillard. La découverte du projet French Pécan, piloté par l’association française d’agroforesterie, l’a convaincue. “Ils se demandent ce qu’ils pourraient faire d’autre. Inviter Monsieur Duflos, c’était répondre à cette curiosité.”

À Creysse, le pacanier ouvre la voie à une future filière noix de pécan.
À Creysse, le pacanier ouvre la voie à une future filière noix de pécan.
Chambre d’agriculture du Lot.

Et les échanges ont révélé une curiosité réelle, mais prudente. “Il y a un intérêt, mais nous ne leur conseillons pas de planter 10 hectares d’un coup. Certains se lanceront avec le projet French Pécan… avec de petites parcelles d’un demi-hectare maximum”, prévient-elle.

Un premier verger expérimental

Cette prudence, l’équipe de la station expérimentale de Creysse la partage. Léa Boulahtouf, ingénieure récemment arrivée, s’enthousiasme autant qu’elle tempère : “Nous sommes vraiment aux prémices, notamment au niveau des variétés potentiellement adaptées au climat lotois.”

C’est dans cette même station que sera implanté, entre novembre 2026 et 2027, le premier verger expérimental du département. “L’objectif est de planter une parcelle qui servira de démonstration pour les producteurs intéressés, mais aussi de support pour générer de la connaissance”, détaille Léa Boulahtouf. Les observations porteront sur la phénologie des variétés, leurs rendements, leur comportement face au gel ou aux maladies.

À l’échelle nationale, le projet French Pécan vise à combler un vide : la France ne produit pas de noix de pécan, alors que la demande intérieure est forte. “Le projet vise à répondre aux besoins des agriculteurs qui souhaitent diversifier leurs exploitations et s’adapter au changement climatique”, explique son responsable, Mathieu Duflos. Il insiste cependant, “je reste prudent. Nous n’apportons ni plante miracle ni solution toute faite”.

“Certains avaient déjà un projet en tête”

Pour lui, la dynamique du Lot est révélatrice d’un mouvement plus large. “J’ai perçu un réel intérêt. Une douzaine d’agriculteurs étaient présents, et l’événement a eu lieu à leur demande. Certains avaient déjà un projet en tête”, note-t-il. Le pacanier nécessite un choix raffiné de variétés. “C’est un travail de long terme. Il nous faudra peut-être cinq, dix ou quinze ans pour disposer d’un recul suffisant.”

Face aux incertitudes économiques et environnementales, les Lotois semblent prêts à explorer cette nouvelle voie. Une filière encore fragile, encore floue, mais déjà porteuse d’espoir. Comme le résume Léa Boulahtouf, “nous sommes au tout début, mais c’est passionnant de participer à ces prémices. Il y a vraiment quelque chose à construire.”

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