Les magasins pourront ouvrir neuf dimanches en 2026 : la décision a été actée en conseil municipal. Entre liberté des commerçants et défense du repos collectif, les arguments reflètent un débat de société.
La délibération sur l’ouverture dominicale des commerces a beau être un classique du genre, elle n’en a pas moins provoqué la discussion, lundi soir au conseil municipal de Cahors. Un débat de société presque.

“On a ces échanges tous les ans, constate Catherine Bouix, conseillère déléguée au commerce de centre-ville. C’est une demande des commerçants eux-mêmes, les dates ont été retenues en concertation avec eux, les syndicats et les organisations professionnelles. La municipalité leur donne la possibilité d’ouvrir, mais on n’impose rien.”
En l’occurrence, neuf dimanches d’ouverture sont autorisés, selon un calendrier précis (soldes, fêtes de fin d’année…). La délibération a reçu deux votes contre (Isabelle Eymes et Gérard Iragnes) et quatre abstentions dans la majorité (Johann Vacandare, Denis Pacaud, Bernard Delpech et Francesco Testa).
Un puissant marqueur de la société
“Vers quelle société veut-on aller ? pointe Isabelle Eymes (Cahors en transition). Le repos dominical est un repère collectif dans notre société. Banaliser le travail le dimanche, c’est un puissant marqueur de notre économie marchande.”
Une position dont se rapproche Denis Pacaud, conseiller municipal et gérant des trois Biocoop de Cahors, qui emploient 23 salariés. Il l’admet en connaissance de cause : l’ouverture le dimanche, ou en nocturne, est un outil commercial. Mais lui se refuse à ouvrir ses magasins le dimanche ou les jours fériés. Et il n’a jamais varié sur le sujet. “Plus jeune, j’ai été salarié, j’ai travaillé le dimanche, je sais à quel point c’est pénible. Qu’est-ce que c’est, sept heures de travail, par rapport à un repas en famille ?”
Un impact limité sur le chiffre d’affaires
Le gérant va plus loin. Une année où les 1er et 8 mai tombaient des mardis, il a fermé ses magasins le lundi pour permettre à ses employés de faire le pont. “Nous avions très bien communiqué en amont auprès de nos clients.” Puis il a fait les comptes : malgré la baisse de 12 % de temps d’ouverture, le chiffre d’affaires n’a été réduit que de 2 %. De quoi le conforter dans son positionnement, même s’il sait que son domaine d’activité, l’alimentaire bio, n’a pas les mêmes contraintes que le vestimentaire par exemple.
Hervé Fabre aussi en a conscience : le créneau où il excelle à l’Apprenti Sage, les jeux et jouets, est spécifique, non soumis à la saisonnalité. Surtout, il n’a pas d’employés (seulement un apprenti depuis son déménagement rue Foch). “Mes décisions n’impactent que moi.”
Une décision radicale en l’occurrence : en décembre, où il fait 30 % de son chiffre, il est ouvert 7 jours/7. “Depuis mon ouverture en 2017, j’ai essayé différents rythmes à cette période intense de l’année, raconte-t-il. C’est celui qui me convient, mais c’est très personnel.”
Courir un marathon plutôt qu’un sprint
Il n’y voit que des avantages, en particulier celui d’étaler la charge de travail et le flux de clients. “Certains vont préférer venir le dimanche ou le lundi, car ils savent qu’il y aura moins de monde. Moi, ce que j’aime dans mon métier de proximité, c’est prendre le temps de les conseiller. Tout en gardant le sourire “, explique ce grand bavard, qui connaît chacun de ses jeux sur le bout des doigts. Comme il le résume, avant les fêtes, il préfère “courir un marathon sur vingt jours, qu’un sprint incessant sur douze jours.”
Hervé Fabre et Denis Pacaud se rejoignent sur un aspect crucial : la concurrence la plus sérieuse vient de la vente en ligne et d’Amazon, 24 h/24, et ses perpétuelles relances. “Ces délibérations sur les ouvertures dominicales sont un peu des décisions du passé, soupire le conseiller municipal. C’est dérisoire face à l’ampleur d’internet. C’est comme venir avec des fleurs pour lutter contre un bazooka.”
Neuf dimanches clés, cinq dans l’automobile
Le nombre de dimanches d’ouverture, neuf, reste inchangé à Cahors pour 2026. On y retrouve les dimanches de lancement des soldes, les 11 janvier, 28 juin et 5 juillet ; celui suivant la rentrée des classes, le 6 septembre ; celui du Black Friday le 29 novembre ; et surtout ceux des fêtes de fin d’année, les 6, 13, 20 et 27 décembre. La loi autorise jusqu’à douze dimanches d’ouverture.
Les commerces du secteur automobile, qui a son propre calendrier national d’animations, pourront ouvrir quant à eux cinq dimanches : les 18 janvier 2026, 15 mars, 14 juin, 13 septembre et 11 octobre.