December 4, 2025

TEMOIGNAGE. "Sans ça, il ne serait pas rentré…" : après un infarctus, il est hospitalisé à domicile dans l’attente d’une greffe pour le cœur

l’essentiel
L’hospitalisation à domicile transforme la vie de ce Lotois, en attente d’une greffe cardiaque. Grâce à l’HAD 46 (Hospitalisation à Domicile), il évite des trajets épuisants vers Toulouse. Un soulagement qui améliore son quotidien et sa préparation à l’opération.

“Sans ça, il ne serait pas rentré à la maison”. Depuis début novembre, Florent* est hospitalisé chez lui, à Castelnau-Montratier grâce à l’HAD 46 (Hospitalisation à Domicile).

Clément Janin, infirmier, rend visite à un patient hospitalisé à domicile.
Clément Janin, infirmier, rend visite à un patient hospitalisé à domicile.
DDM Aouregan Texier

Dans sa maison, pas grand-chose n’a changé. Dans un coin du salon, trône un petit meuble rempli de compresses et autre matériel médical. Un pied à perfusion est également rangé dans la chambre. Voici les seuls indices montrant que Florent est hospitalisé chez lui.

Dans l’attente d’une greffe pour le coeur

“Il y a un an, j’ai fait un infarctus”, raconte-t-il. Depuis, il a comme un pacemaker avec des batteries externes qui permettent d’entraîner le cœur. “C’est un bouleversement mais c’était la seule solution. Pour me doucher, il faut que j’enlève les batteries et que je les mette dans un sac-poubelle. Et ça pèse son poids, environ deux kilos. Le soir, je me branche sur secteur alors je peux l’enlever, ça fait du bien”, décrit l’homme de 57 ans. Le plus gros risque de ce dispositif : l’infection. Le plus gros risque de ce dispositif : l’infection. Malheureusement, c’est ce qui est arrivé à Florent en septembre, le plaçant depuis lors dans l’attente d’une greffe cardiaque. “C’est long. Ça peut arriver d’une minute à l’autre comme dans un mois”, soupire-t-il.

Il a des pansements complexes et un traitement qui peut être uniquement délivré par un établissement hospitalier. C’est là que l’HAD 46 (voir encadré) entre en jeu, puisqu’ils ont leur propre pharmacie hospitalière. Grâce à leur intervention, Florent peut rester chez lui au lieu d’être hospitalisé à l’hôpital de Rangueil, à Toulouse. “Être suivi par l’HAD, c’était la condition pour sortir”, explique le quinquagénaire. Une solution bien plus confortable pour lui. “Sans cela, j’aurais dû rester à l’hôpital ou bien j’aurais pu sortir mais j’aurais dû me rendre deux fois par semaine à Toulouse. Quand on est malade, c’est fatigant”.

“Il faut être en forme pour la greffe”

“On passe deux fois par semaine pour le voir : on change le pansement, qui est assez complexe, et on délivre les traitements nécessaires”, détaille Clément Janin, infirmier coordinateur de l’antenne cadurcienne de l’HAD. “C’était l’une de nos craintes ça : comment trouver le produit ? On a eu un peu peur au début, c’est particulier”, glisse la compagne de Florent. Et quand les infirmiers de l’HAD ne passent pas, ce sont les infirmières libérales qui rendent visite au patient pour s’assurer que tout va bien. Tous les jours, il y a du passage. Florent est même régulièrement télé surveillé depuis la ville rose.

Être à la maison, c’est un grand soulagement pour Florent. Il est entouré de ses proches, et de son chien qui gambade dans le jardin. “Il avait perdu beaucoup de poids à l’hôpital. Pour se refaire les muscles, il faut marcher. Ici, on peut aller se balader. Il faut être en forme pour la greffe. Si on part faible, c’est compliqué”, affirme sa compagne. “Et les repas !”, s’exclame Florent. “À la maison, on mange des bons plats nutritifs. Et puis, il peut se resservir. S’il veut un autre fruit, il peut. C’est sûr qu’on ne peut pas manger n’importe quoi, par exemple on évite la charcuterie, mais ce n’est pas la nourriture de l’hôpital”.

Une partie de l’équipe de l’HAD 46.
Une partie de l’équipe de l’HAD 46.
DDM Aouregan Texier

L’HAD : + 12,7 % d’activité en 2024 dans le Lot

Dans le Lot, ce sont plus d’une centaine de patients qui sont hospitalisés à domicile grâce à l’HAD (Hospitalisation à Domicile). “On est capables de répondre très rapidement à toutes les demandes”, affirme Nathalie Delclau, directrice depuis trois ans de la structure. Elle poursuit : “Cela évite des hospitalisations conventionnelles, de mobiliser des lits et de désencombrer les hôpitaux. Si on n’était pas là, le patient, au lieu d’être chez lui, serait à l’hôpital”.

La structure est un vrai service d’hospitalisation déplacé. Plus de 90 collaborateurs y travaillent, dont une soixantaine de soignants répartis sur les six antennes. À savoir : Cahors, Figeac, Gramat, Martel, Gourdon, Cajarc. Trois médecins encadrent le tout, et sont régulièrement d’astreinte pour que l’HAD soit joignable 24 h/24 h. Un quatrième praticien sera bientôt recruté. L’HAD travaille avec des professions libérales, des spécialistes ou encore des établissements médicaux. De quoi assurer une prise en charge complète du patient.

De nombreux projets pour 2026

Pour bénéficier de l’HAD, il faut être adressé par un médecin généraliste ou bien des spécialistes. “Il arrive aussi que ce soient les infirmières libérales qui nous alertent en nous disant que tel patient devient trop compliqué à gérer pour elles alors on se rapproche du médecin traitant”, explique Gaëlle Ferriere, cadre de santé. Dans les trois jours, la demande peut être traitée. Avant que le patient puisse rentrer chez lui, des formalités sont renseignées. Puis, le jour où il rentre chez lui, l’HAD organise une visite. Le but : pouvoir installer le matériel médical nécessaire. Comme un lit médical par exemple.

L’HAD ne prend en charge que des soins qui devraient être réalisés à l’hôpital, ils sont donc assez techniques : pansements complexes, problèmes nutritionnels, traitements intraveineux, chimiothérapie en cachets ou encore fin de vie… “On ne remplace pas la médecine de ville”, affirme Philippe Nalier, médecin praticien. “On fait environ 60 % de soins palliatifs.”, glisse Clément Janin, infirmier coordinateur à Cahors. Et environ 18 % des patients pris en charge sont en Ehpad. Pour l’année 2026, l’HAD a de nombreux projets : la chimiothérapie injectable ou encore la réadaptation à domicile. “On est au début d’une feuille blanche”, sourit la directrice. Dans le Lot, le taux d’accès à l’HAD est bien supérieur à la moyenne nationale : 55 patients pour 100 000 habitants, avec une hausse d’activité de 12,7 % en 2024.

 

*prénom modifié

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