Le parcours de Leticia Ledamba, entre électricité et football, inspire par sa détermination.
“J’avais deux rêves : devenir électricienne et joueuse de foot internationale.” C’est chose faite. Le parcours de Leticia Ledamba force l’admiration tant il mêle courage, passion et ténacité. À tout juste trente ans, la jeune femme a créé son entreprise spécialisée dans l’électricité et la fibre optique : Stone Tech. “Dès mon plus jeune âge, je récupérais les postes radio et je m’amusais à les réparer, rembobine Leticia. Puis, un jour, un cousin réparait une prise électrique, je lui ai demandé ce qu’il faisait et j’ai su que je voulais faire ce métier plus tard.”
En parallèle, elle s’impose rapidement sur les terrains, où son talent ne tarde pas à se faire remarquer. “J’ai fait plusieurs clubs, j’ai été élue meilleure buteuse et meilleure joueuse du championnat.” La sélection congolaise ne tarde pas à la convoquer pour profiter de ses talents d’attaquante.
Une arrivée en France
Si le parcours semble idyllique, tout n’a pas été rose pour la footballeuse. “Pour mon père, ce n’était pas fait pour les femmes. En Afrique, la femme n’est pas appelée à faire des choses comme les hommes. Même en France, certains doutaient qu’une femme puisse concilier un métier technique et une carrière sportive.”
Mais sa force de caractère la pousse à aller à l’encontre des souhaits parentaux. “Pendant mes formations professionnelles, je voulais être la première pour montrer que j’avais ma place.” Il y a dix ans, Leticia débarque en France, non loin de Strasbourg, à Vendenheim, en Ligue 1. Après quelques saisons, c’est à Albi qu’elle poursuit sa carrière en club. “J’ai quitté très jeune le foyer familial pour réaliser mes rêves. L’adaptation a été facile, mais j’ai été surprise, à l’époque, on jouait dans des stades vides alors qu’au Congo, ils étaient remplis.” Durant ces années, la trentenaire affronte le gratin du foot français, les Lyonnaises et le PSG.
En parallèle, l’attaquante est une cadre de sa sélection. Elle participe aux éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations et aux Jeux Olympiques Africains. “En 2015, ils se déroulaient à la maison. C’était incroyable la ferveur, c’est une sensation indescriptible tellement elle est forte.” L’équipe repartira avec la médaille de bronze. Mais peu avant le Covid, une blessure, les ligaments croisés, met un frein à la carrière de Leticia, qui n’avait jamais décroché son métier d’électricienne.
De nombreux projets
Forte de son bac pro en électrotechnique, elle ne passe pas son examen de BTS. “C’était soit l’examen, soit les Jeux.” La décision a été rapide. Puis s’insère professionnellement, notamment à l’INSA (Institut National des Sciences Appliquées) à Toulouse en tant qu’électricienne.
Puis en 2023, elle lance son entreprise à Compolibat. “Pour moi, rien n’arrive au hasard. Quand je jouais à Albi, j’avais le numéro 12. J’ai rencontré mon conjoint originaire de l’Aveyron et on a décidé de s’y installer.” Aujourd’hui, Leticia “propose des services en électricité et en fibre optique. Nous installons la fibre chez les clients, professionnels et particuliers.”
Son parcours inspirant, l’association ADIE l’a remarqué et a décidé de la soutenir. En 2024, elle a remporté le Prix Féminin de l’ADIE, qui distingue chaque année des entrepreneures à succès. Prochain objectif pour la joviale jeune femme : structurer son académie au Congo. “Je souhaite développer mon entreprise et continuer à aider les orphelins au Congo avec mon association. J’ai aussi des projets pour créer une ONG avec des volets sportif, entrepreneurial et humanitaire.”