Aca, qui vendait des écharpes en compagnie de sa femme sur le parvis du Stade de France le 13 novembre 2015 quand l’un des terroristes actionne sa ceinture explosive, les blessant tous deux mentalement comme physiquement. Il raconte sa difficile reconstruction dans une interview ce mercredi 12 novembre.
Aca est l’une des nombreuses victimes des attentats qui ont frappé la France le 13 novembre 2015. Ce soir-là, il est devant le Stade de France en train de vendre des écharpes avec sa compagne quand l’un des terroristes se fait exploser juste à côté d’eux. “Je ne peux pas oublier ça, c’est impossible”, promet Aca, qui se décrit lui-même comme “un miraculé”.
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“Ma femme est aujourd’hui invalide, handicapée. Elle a perdu l’usage de la parole, c’est une autre personne et c’est très compliqué à vivre au quotidien. Me concernant, je suis devenu bon à rien”, raconte-t-il dans une interview accordée à RMC Sports ce mercredi 12 novembre.. Il explique n’avoir jamais pu reprendre son travail d'”éducateur dans un club de football”. “Je ne suis même pas capable de m’occuper de moi-même”, assure-t-il, dévasté par ce constat.
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Contrairement, à beaucoup de victimes, il dit n’avoir “pas eu d’appréhension”. Il est retourné au stade, au contact des gens, “comme s’il fallait que j’efface ce 13 novembre 2015, que je continue comme avant”, explique-t-il. Bien qu’il ait depuis retenté de vendre des écharpes comme le soir fatidique, il se trouve aujourd’hui très faible et incapable. “Je n’ai plus de force, je n’ai plus d’envie, je n’ai plus rien”, constate-t-il, amer.
Le sentiment d’être délaissé
Il raconte encore que sa femme, “paralysée pendant des mois” et qui “a fait quatre mois de coma”, a été sauvée par des policiers qui l’ont emmené au poste de secours. Lui-même est gravement touché, criblé par “une vingtaine d’impacts”. “J’aurais dû soit être mort, soit être complètement invalide ou perdre ma jambe, mon bras. J’ai reçu des boulons dans la tête, j’ai eu plusieurs opérations”, explique Aca qui, touché par cette épreuve dit lui-même être devenu “un aigri de la société”, en qu’il n’a plus confiance.
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Il estime avoir été “complètement été délaissé à l’époque”, comme les autres victimes du Stade de France, éclipsées par les terribles évènements du Bataclan et sur les terrasses parisiennes. “On se sent abandonné, on se dit qu’il n’y a rien eu”, confesse l’ancien éducateur. Il n’est d’ailleurs pas officiellement reconnu comme victime d’attentat. “Vous avez l’impression que la Nation pleure mais elle ne pleure pas pour vous, ça fait très très mal. C’est encore plus dur à vivre que l’instant T, le moment de l’explosion”, compare-t-il même, déçu de ne pas avoir été convié aux cérémonies commémoratives.

