November 7, 2025

Des drones pour surveiller l’agglomération toulousaine pendant les fêtes : " Quelles garanties pour les libertés individuelles"?

l’essentiel
La préfecture de la Haute-Garonne lance une vaste opération de surveillance aérienne de l’agglomération toulousaine pour la période des fêtes de fin d’année. Elle justifie l’opération comme nécessaire pour lutter contre les rodéos urbains.

La préfecture de la Haute-Garonne vient d’annoncer qu’elle renouvelait l’autorisation d’utilisation de drones pour lutter contre les rodéos urbains dans dix-neuf communes de l’agglomération toulousaine à partir de ce dimanche 9 novembre jusqu’au jeudi 8 janvier. Ce qui n’est sans soulever quelques questions sur les libertés individuelles et sur la surveillance du quotidien des citoyens. Le préfet Pierre-André Durand justifie cette décision par “une recrudescence des rodéos ayant déjà entraîné des accidents, des blessés et un décès, ainsi que par un sentiment d’insécurité croissant”.

Des drones vont surveiller l’agglomération toulousaine pendant toutes les fêtes de fin d’année.
Des drones vont surveiller l’agglomération toulousaine pendant toutes les fêtes de fin d’année.
DDM – NEDIR DEBBICHE

L’un des arguments avancés par la préfecture est que l’usage de drones offre aux forces de sécurité une ” vision grand angle ” leur permettant d’identifier et prévenir rapidement le risque d’incident, tout en limitant l’engagement des forces au sol”. Les périmètres de surveillance sont définis avec une grande précision, couvrant de vastes zones allant de quartiers résidentiels spécifiques à des secteurs très fréquentés comme le centre-ville de Toulouse ou des zones d’activité comme Eurocentre à Castelnau-d’Estrétefonds.

Des quartiers ciblés

Quatre communes sont répertoriées en zone de compétence de la Police nationale. Il s’agit de Blagnac, qui voit cibler les quartiers de Barradels Grand Noble et Aéroconstellation Aéroscopia. La commune de Colomiers est concernée dans les secteurs de Val d’Aran et En Jacca. À Tournefeuille, la surveillance est autorisée autour du Lac de la Ramée et dans le quartier de La Peyrette. Enfin, la ville de Toulouse est divisée entre la Rive Droite (incluant Empalot, les Izards-Borderouge, Paléficat Grand-Selve, Ginestous, Jolimont Roseraie Soupetard et le centre-ville) et la Rive Gauche (couvrant Bellefontaine, Reynerie, Bagatelle, La Faourette, les Pradettes et les Arènes). Quinze communes relèvent de la zone de la gendarmerie. La surveillance y est autorisée à Balma (quartiers Vidailhan et Lasbordes), Beauzelle (secteur du MEET, quartiers Andromède et Champ de la Molle), Castelnau-d’Estrétefonds (zone industrielle Eurocentre), et Deyme (zones longeant l’A61).

Sont également visées La Salvetat-Saint-Gilles (quartier de l’Apouticave et rue Nelson Mandela), Léguevin (secteur centre-ville) et Muret (secteur autour du square Maimat et centre de détention). La liste inclut aussi Pibrac (zone entre l’avenue François Verdier et la route de Mondonville), Plaisance-du-Touch (périmètre entre la route de Colomiers et le quartier Agricol Perdiguier, plus le lac Soula), Portet-sur-Garonne (quartier Récébédou), et Ramonville-Saint-Agne (quartier Buchens et Cité Rose). Enfin, la surveillance couvre Saint-Alban (zone industrielle du Terroir), Saint-Jory (périmètre de la D820), Saint-Lys (axe D937), et Seysses, autour de la zone pénitentiaire.

Des doutes sur l’efficacité du dispositif

La délimitation de ces zones, bien que précises, est particulièrement étendue, soulevant la question de la proportionnalité de cette surveillance intrusive dans le quotidien des habitants, même en l’absence de rodéo. Selon la préfecture, les opérations antérieures de vidéosurveillance par drones ont permis ” plusieurs interpellations avec poursuites judiciaires et à la mise en fourrière des véhicules utilisés “. Mais aucun chiffre concret sur le nombre réel d’interpellations ou de véhicules saisis n’a été publié jusqu’à présent. Laissant planer un doute sur la véritable portée des résultats obtenus. Pour ceux qui s’inquièteraient de cette surveillance aérienne, la préfecture se contente de renvoyer les Toulousains sur le site internet du ministère de l’Intérieur “pour plus d’informations sur la réglementation en matière de captation d’images de drones dans un cadre administratif”. De quoi s’inquiéter ?

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