Au début des années 60, la motorisation de la population allait bon train ; avant de pouvoir obtenir une voiture, le passage par la motocyclette était presque obligatoire ; Lulu Moulène, mécanicien, acheminait des wagons entiers de deux-roues d’occasion en gare de Bagnac. De son côté, Raymond Grès importait des tracteurs, souvent de Grande-Bretagne, pour remplacer les attelages de bœufs ou de vaches. Les Ets Aymard fonctionnaient à plein, équipant en fils de fer barbelés, sur plus de cent kilomètres à l’entour, toutes les campagnes grâce aux rachats post-guerre d’Algérie. Une nouvelle époque voyait le jour, pleine d’espoirs et de plein-emploi. Bagnac était dynamique et un nouveau sport allait se développer : le karting. Ce sport balbutiant permettait l’expression de l’inventivité et de la créativité des mécaniciens et serruriers pour les carrosseries. C’est ainsi que naquit “Le Karting-Club Jaune et Noir”, sous l’impulsion de Lulu Moulène, Pierre Aymard, et Jean Najac, maire de l’époque. Avec Gabriel Bourrel, Raymond Goutel et comme mécanicien en chef et touche-à-tout de génie : André Lac, ils allaient concevoir des bolides à partir de presque rien. Les routes étant encore peu fréquentées, la route des Castors (devenue avenue Pierre Aymard) servait le plus souvent de banc d’essai et de mise au point. Lors de la fête votive d’août 1960, le dimanche, une course fut organisée dans l’ex-domaine de Madame Crillé, devenue alors propriété de la commune. Le circuit empruntait, à quelque chose près, la circulade de la cité de la Pradelle, lieu alors promis à la construction. L’Écho de Bagnac dans son numéro de septembre 60 s’en fait le rapporteur. “Les Bagnacois, comme il se devait, applaudirent à tout rompre les représentants de leurs couleurs : Lac, Verdier, Montergous qui se classèrent tous pour la finale. Lac, sans un incident mécanique, aurait remporté la coupe et malgré une remontée sensationnelle, il dut se contenter de la seconde place. La cause du karting est définitivement gagnée. Le public retrouve là l’atmosphère des grandes courses d’autos.” Malheureusement, les karts de l’écurie “Jaune et Noir”, de fabrication artisanale, ne purent rivaliser, lors des compétitions, avec les engins mieux élaborés, dotés de différentiels perfectionnés et de moteurs plus performants. Ce n’est, somme toute, qu’une anecdote dans l’histoire de la commune !
Bagnac-sur-Célé. L’essor éphémère d’une écurie de karts dans les sixties

