Frédéric Péchier aurait causé 30 empoisonnements, dont 12 mortels, entre 2008 et 2017. L’accusé de 53 ans, qui clame son innocence, comparaît libre, mais encourt la réclusion à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre.
Pendant huit ans d’enquête, il a tout contesté, jusqu’à la réalité des empoisonnements. Jugé depuis le mois de septembre, l’ex-anesthésiste Frédéric Péchier continue à se dire innocent, mais admet désormais qu’un empoisonneur a bien sévi à Besançon, au moins pour certains cas.
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La semaine dernière, deux infirmières qui travaillaient à Besançon avec l’accusé ont raconté à la cour leur souffrance d’avoir été soupçonnées à tort d’une erreur médicale. Ces deux soignantes étaient en poste à la clinique Saint-Vincent à l’été 2012, au moment où l’établissement a dû faire face, en l’espace de quelques semaines, à deux hémorragies massives sur des patients, dues à des injections inexpliquées d’héparine, un anticoagulant. Ces cas font aujourd’hui partie des 30 empoisonnements présumés, dont 12 mortels, que l’accusation impute à Frédéric Péchier entre 2008 et 2017.
Frédéric Péchier a admis l’existence de 9 empoisonnements
Ce lundi 27 octobre, la journée d’audience était consacrée à l’interrogatoire de l’accusé, comme l’ont rapporté nos confrères de l’Est républicain dans leur direct. Dans la matinée, les experts médico-légaux n’ont laissé aucune place au doute ce matin : au moins deux empoisonnements ont été causés par l’héparine. Cet anticoagulant a provoqué des hémorragies qui auraient pu tuer les deux personnes. Interrogé, Frédéric Péchier n’a pas nié l’acte.
Sur les 16 événements indésirables graves (EIG) examinés depuis le début du procès, l’anesthésiste a admis l’existence de neuf empoisonnements. L’accusation a pointé le fait que le changement de substance injectée tendrait à démonter que l’empoisonneur voulait “brouiller les pistes”.
“Depuis le départ, on cherche à m’enfoncer”
Lors de cette journée particulière dans ce procès à rallonge, une joute verbale a opposé Frédéric Péchier à Me Berna, avocat de parties civiles. Au cœur de l’échange : le principe de “dignité” à l’égard des victimes. “Je crierai autant que je veux”, a lancé le conseil à l’endroit de Frédéric Péchier qui n’a pas hésité à contre-attaquer. “Depuis le départ, on cherche à m’enfoncer”, s’est notamment défendu l’accusé en pointant du doigt son confrère le docteur Serri de “manipuler” certains témoins.
Le ministère public a encouragé Frédéric Péchier à “avouer” pour retrouver “une part d’humanité”. L’accusé de 53 ans, qui clame son innocence, comparaît libre, mais encourt la réclusion à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre au terme d’un procès de trois mois et demi.

