October 24, 2025

Dermatose nodulaire bovine : les premières bennes de la colère des éleveurs du Tarn-et-Garonne déversées à Montauban

l’essentiel
À l’appel de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs, quelque 80 éleveurs se sont réunis ce jeudi soir 23 octobre 202 à la Chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne, à Montauban, pour évaluer les conséquences de l’épidémie de dermatose nodulaire bovine et surtout de la décision du gouvernement d’interdire toutes les exportations d’animaux jusqu’au 4 novembre. Dans la foulée, ils ont déversé plusieurs ballots de paille et autres déchets devant le siège de la DDT, rue Sainte-Claire.

Les premières guirlandes de Noël commencent à être installées en cette soirée pluvieuse du 23 octobre 2025 à Montauban mais à quelques centaines de mètres de la place Nationale, rue Sainte-Claire, devant le siège de la Direction départementale des Territoires (DDT), les éleveurs du Tarn-et-Garonne n’ont vraiment pas le cœur à la fête.

Après la fièvre catarrhale ovine (FCO) et la maladie hémorragique épizootique, voilà qu’une nouvelle maladie vectorielle, la dermatose nodulaire contagieuse, menace leur activité. Si aucun cas de DNC n’est signalé en Tarn-et-Garonne, la présence de la maladie dans les Pyrénées-Orientales et chez les voisins espagnols, où 17 foyers sont déclarés, suffit à en inquiéter beaucoup. Et la décision de la ministre de l’Agriculture de suspendre, depuis le 18 octobre et au moins jusqu’au 4 novembre, toute exportation de bovins français suscite la colère. Alors, les éleveurs veulent “se faire entendre”.

Jean-Philippe Viguié, président de la Chambre d’agriculture, a répondu pendant 1 h 45 à toutes les questions des éleveurs.
Jean-Philippe Viguié, président de la Chambre d’agriculture, a répondu pendant 1 h 45 à toutes les questions des éleveurs.
DDM, MANUEL MASSIP – MANUEL MASSIP

Il est 23 heures et six tracteurs remorques chargés de ballots de paille et de divers détritus s’apprêtent à passer à l’action. Une “livraison” qui était destinée à la préfecture de Tarn-et-Garonne, impossible à atteindre en raison des travaux qui continuent sur la place Foch et jusque dans la rue Gambetta. Alors, une fois encore, c’est la DDT qui reçoit le premier message adressé à l’État par la FDSEA et les JA 82. “Ce soir, c’est même pas un coup de semonce ou un avertissement, c’est juste manière de prendre date et de dire qu’on occupera le terrain, tout cet hiver s’il le faut, si on n’est pas entendus. Et on ne se fera pas avoir comme en 2024”, prévient Damien Garrigues.

À la chambre d’agriculture, une réunion d’information sur la dermatose nodulaire bovine a réuni plus de 80 participants.
À la chambre d’agriculture, une réunion d’information sur la dermatose nodulaire bovine a réuni plus de 80 participants.
DDM, MANUEL MASSIP – MANUEL MASSIP

Plus tôt dans la soirée, le leader de la FDSEA a assisté avec son alter ego des JA Benjamin Checchin, à la réunion d’information organisée à la Chambre d’agriculture par le président Jean-Philippe Viguié. “Je trouve que c’est trop fort de bloquer tout alors qu’en France, la maladie est confinée dans de petits foyers”, considère l’éleveur de vaches Aubrac de Lacapelle-Livron.

Le patron de la Chambre joue la pédagogie. “Si la ministre de l’Agriculture a pris cette décision de suspendre les exports, c’est pour éviter que la commission européenne n’enclenche la clause de sauvegarde. Là, on allait se prendre plusieurs semaines ou plusieurs mois d’interdiction d’exporter et plusieurs d’entre nous auraient été rayés de la carte.” Le spectre de la clause de sauvegarde semble s’être éloigné, mais l’horizon est loin d’être éclairci pour la filière bovine française.

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Dans l’hémicycle de la Chambre d’agriculture, le débat est nourri. “Il faut négocier que les veaux vaccinés puissent être exportés, mais pas dans le délai prévu de 14 mois, qui est aberrant”, lance Gilles Vidal, le président de l’ELVEA 82.

François aurait dû faire partir des veaux vers la Tunisie. “Je comprends que ce ne soit pas possible pour le moment, mais un camion de veaux destiné à la Tunisie est parti d’Irlande et traverse la France sans aucun contrôle. Il a fait halte à Bordeaux où on l’a autorisé à décharger les bêtes sur un site de rassemblement et il va reprendre la route pour embarquer au port de Sète. Ce n’est pas normal.”

Damien Garrigues : "Tant qu’on nous interdit d’exporter pas question que les camions étrangers transportant du bétail traversent la France".
Damien Garrigues : “Tant qu’on nous interdit d’exporter pas question que les camions étrangers transportant du bétail traversent la France”.
DDM, MANUEL MASSIP – MANUEL MASSIP

“Les camions qui traversent la France, c’est hors de question. S’il le faut, on mobilisera les collègues des départements frontaliers pour les bloquer. Tant que la France a interdiction d’exporter, on ne veut pas voir de la viande importée chez nous”, avertit Damien Garrigues.

Dans les mesures annoncées le 17 octobre 2025 par la ministre Annie Genevard, “il n’y a rien sur les imports”, s’étonne Jean-Philippe Viguié. “Vous mettez deux Lituaniens dans une bétaillère, ils sont capables d’aller au pôle Nord.” C’est bien le seul moment de la réunion qui a déclenché des rires, jeudi soir, au siège de la Chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne.

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