Après un Covid grave, Dominique Delpon a décidé de transformer ses bornes de commande en bornes de dons interactives. Son idée a déjà séduit hôpitaux, fondations et associations.
Depuis son garage à Mercuès, où il planchait sur ses premiers prototypes, à des perspectives de développement nationales voire internationales aujourd’hui, le chemin parcouru est impressionnant. Dominique Delpon a l’innovation chevillée au corps, c’est certain.

Mais lui qui a créé l’entreprise TouchAm à Cahors, spécialisée dans la borne de commande interactive, a amorcé un virage radical, soucieux d’adjoindre les valeurs qui lui sont chères à son métier.
Un retour en arrière s’impose. Camerounais de naissance arrivé en France à 16 ans pour ses études, l’ingénieur de formation s’installe dans le Lot il y a huit ans, par amour. Dominique Delpon décide de quitter la boîte où il travaille, à Sauzet, pour se mettre à son compte. Créer, inventer, innover, bien sûr.
“Je ne marchais pas, je ne parlais pas”
Il est convaincu qu’il y a un marché à conquérir dans le domaine de la borne de commande interactive, auprès des petits restaurateurs et fast-food notamment. Il se lance juste avant le premier confinement, est repéré par la municipalité de Cahors, quitte son garage pour s’installer à la pépinière d’entreprises de Cahors sud, et se développe.
Tout s’arrête en 2022. Touché par un Covid grave et rare, il passe un mois en réanimation à l’hôpital de Cahors, puis effectue six mois de rééducation à Montfaucon. “À mon arrivée, je ne marchais pas, je ne parlais pas ; il a fallu tout réapprendre. J’ai eu du temps pour réfléchir”, glisse-t-il dans un sourire.
Or, placé en “quarantaine extrême” à l’hôpital, Dominique ne peut recevoir de visites que des bénévoles de l’aumônerie. “Ils m’ont expliqué l’importance des dons dans leur fonctionnement, et leur difficulté pour en recevoir. Ça faisait trois ans que je n’étais focalisé que sur le business. Là, j’ai redéfini ce pour quoi je voulais me battre et travailler.” Comme souvent, les meilleures idées sont les plus simples : Dominique, qui est également pianiste le dimanche pour la paroisse de Cahors, va adapter ses bornes de commande, pour en faire des bornes de dons.
“J’ai remplacé les burgers par des bougies”
“Souvent, les visiteurs veulent donner, mais ils n’ont pas de monnaie sur eux, ou il faut remplir un formulaire à envoyer ensuite. Et ils ne le font jamais. Là, le don est immédiat, par CB, et le reçu fiscal délivré. En fait, sur les bornes de commande, j’ai remplacé les burgers par des bougies !”
Désormais installé à Cadurcia Centre, espace Clément-Marot à Cahors, il a embauché deux collaborateurs, en charge du hardware et du software.
Une borne au CHU de Nantes, un partenariat avec les Restos du cœur…
L’idée, baptisée DonaTouch, peut se décliner dans de multiples secteurs : caritatif, patrimonial, événementiel… De façon pérenne ou provisoire. Ainsi, un contrat a été signé avec le CHU de Nantes, pour installer une borne dans un hall. Une autre a été louée à l’association Aviation sans frontière. C’est en discussion pour le pont Valentré, qui a lancé une collecte pour financer sa restauration. Il a décroché un partenariat avec la Fondation du patrimoine de Stéphane Bern. Et les tests sont prometteurs avec les Restos du coeur.
“Le don, c’est de l’émotion, insiste le chef d’entreprise. Il ne s’agit pas seulement d’une borne, mais d’un véritable univers. Par exemple, on ne fait pas un don de 10 €, mais on offre deux repas…”
Lui et ses équipes se chargent de tout, ingénierie, fabrication, installation, maintenance, SAV. Une cinquantaine de bornes ont déjà été déployées. Celle installée à la cathédrale de Cahors a permis de passer de 3 000 à 24 000 € annuels. L’entrée d’un important investisseur au capital démultiplie encore les perspectives. Pour continuer à innover.