December 10, 2025

Guerre en Ukraine : drogues, alcool, violence, comment les vétérans russes sèment la terreur de retour au pays

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Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, les soldats russes de retour du front ont tué ou blessé plus de mille personnes en Russie, tandis que la justice se montre clémente, selon une analyse publiée par le média indépendant et en exil “Verstka”.

L’analyse détaillée des décisions de justice, publiée mardi par le média en exil “Verstka”, révèle qu’au moins 551 personnes sont mortes dans des incidents impliquant des vétérans de “l’opération militaire spéciale”, et 465 autres ont été grièvement blessées, beaucoup conservant des handicaps lourds et permanents des violences qu’elles ont subies.

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Drogues et alcool dans un cas de violence sur deux

La violence commise par les vétérans se concentre majoritairement dans la sphère domestique, impliquant souvent des proches ou des connaissances des auteurs. La plupart des incidents étaient liés à des disputes familiales, dont environ la moitié impliquait l’alcool ou les drogues.

Le retour violent à la liberté des anciens prisonniers des “Storm-Z”

Parmi les victimes tuées, 274 ont été assassinées et 163 sont mortes des suites de graves blessures corporelles. 78 personnes ont également été tuées dans des accidents de la route. Selon “Verstka”, plus de la moitié des homicides, soit 163 décès, impliquent d’anciens prisonniers qui avaient combattu en Ukraine. Ces anciens détenus, extraits de leurs cellules en échange d’un engagement dans les redoutables bataillons disciplinaires “Storm-Z”, sont également mis en cause dans plus de la moitié des 475 comparutions devant la justice pour “coups et blessures”, soit 252 cas.

Clémence judiciaire pour les vétérans

L’analyse de plus de 700 décisions judiciaires publiée par “Verstka” souligne la clémence que témoigne le système judiciaire russe à l’égard des anciens soldats. Dans environ 90 % des cas, les tribunaux ont invoqué des éléments comme les indemnités versées par l’État, le statut d’ancien combattant, les blessures, les “mérites militaires” ou autres distinctions similaires pour réduire les peines. Moins de 10 % des décisions examinées ne mentionnaient pas la participation à la guerre en Ukraine comme facteur atténuant.

Pire, dans près d’un quart des décisions, la conduite “immorale” ou le comportement des victimes a constitué un motif de clémence pour les magistrats. Enfin, parmi les 486 affaires de violences ou d’homicides commises par des vétérans ivres ou drogués, le facteur aggravant de la consommation d’alcool ou de stupéfiants a été ignoré plus de trois cents fois par la justice.

Un fléau sous-estimé

Pour le média indépendant, les décisions judiciaires auxquelles il a pu accéder ne représentent probablement qu’une infime partie de la vague de violence dans laquelle sont impliqués les vétérans russes de la guerre en Ukraine. “Verstka” suggère que le nombre réel de crimes commis par les soldats de retour pourrait être nettement plus élevé, car les tribunaux militaires de garnison ont largement cessé de publier leurs décisions concernant ces affaires depuis le début de la guerre. Les tribunaux censurent souvent les détails ou suppriment les informations relatives au service en temps de guerre des accusés.

Selon les autorités russes, plus 400 000 militaires sont retournés à la vie civile, alors qu’en septembre dernier, Vladimir Poutine déclarait que “plus de 700 000 soldats russes étaient actuellement déployés en Ukraine”…

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